Bonjour,
Bien qu'étant maintenant officiellement diagnostiquée, je me pose encore énormément de questions sur l'autisme (c'est mon intérêt particulier du moment, depuis près d'un an

Et comme je lis pas mal de choses sur des sites anglophones, et en regardant en parallèle des vidéos sur le cerveau des autistes, j'ai eu quelques instants d'illumination, mais étrangement très peu de gens arrivent aux mêmes conclusions.
Voici ce que j'ai noté :
1) les non-autistes (en particulier le DSM-5) décrivent l'autisme comme un problème social et d'intérêts restreints ou de stéréotypies, les théories sont basées surtout sur ces faits, ou celles d'un cerveau qui «systématise" trop, ou bien d'un focus trop important sur une seule chose à la fois
2) les autistes eux-mêmes écrivent souvent que c'est plutôt un problème sensoriel
3) on sait que le cerveau des autistes a trop de connexions entre les neurones (à la naissance une grande partie des connexions sont détruites, mais c'est moins le cas chez les autistes...)
4) dans un réseau de neurones informatiques, trop de connexions entraîne une meilleure perception des détails et des motifs, mais une moins bonne perception de ce qui est général
5) certains autistes non-verbaux expliquent que leur problème est uniquement un problème moteur (c'est en tout cas le témoignage d'Ido Keddar et d'autres)
6) avec l'âge, nous finissons par apprendre certaines choses (l'ironie...) mais nous les détectons moins vite et moins bien que les neurotypiques... quand nous sommes en face à face ! Personnellement, je trouve que par écrit (mail, chat...) nous les détectons aussi bien, voire mieux car nous nous servons du contexte des paroles plus que des expressions du visage de l'interlocuteur (d'ailleurs personnellement j'ai souvent au travail réussi à recoller les morceaux par mail entre 2 ingénieurs qui s'étaient brouillés suite à des incompréhensions uniquement par écrit....)
J'en arrive à l'hypothèse que nos problèmes sensori-moteurs expliquent exactement tout ce que les autres observent :
1) Les problèmes d'interactions sociales sont principalement dû au fait que nous n'arrivons pas ou mal à saisir l'émotion des autres, car nous voyons trop les détails (la petite ride là, le pli horizontal du front, les coins de la bouche, l'espace entre les sourcils...) alors que les neurotypiques saisissent globablement et très rapidement les expressions, sans les analyser.
Ensuite, comme très jeune nous subissons du rejet, des traumatismes, cela n'aide pas à comprendre certaines choses. Et nous mettons plus longtemps à apprendre certaines conventions sociales. Mais ce n'est pas du tout parce que nous n'avons pas de théorie de l'esprit ou sommes incapables de nous mettre à leur place, comme pensent beaucoup de psychiatres. C'est probablement parce que ces compétences sont plus longues à acquérir, car nous avons moins d'occasions pour apprendre ! Et d'ailleurs ce sont des choses qu'on apprend... les chercheurs le disent eux-mêmes, cela s'améliore avec le temps.
2) Les intérêts restreints sont favorisés par l'anxiété, elle-même probablement causée par nos sens qui sont trop ou pas assez présents... (et par nos interactions sociales compliquées aussi...). Les stéréotypies calment les sens...
3) les difficultés motrices sont très probablement aussi dûes aux problèmes perceptifs : pour toutes ces activités, il faut que le cerveau analyse simultanément les retours de plusieurs sens : la proprioception (conscience de sa position dans l'espace), la vue, l'ouïe (si on parle, si on joue de la musique...). Et comme l'action d'articuler pour parler est très complexe, tout se tient...
4) Enfin, en général les filles apprennent mieux et plus tôt que les garçons à masquer, simplement parce que les autres filles interagissent beaucoup entre elles et cela donne plus l'occasion d'observer et d'apprendre le fonctionnement des neurotypiques. La violence envers les autistes ne se manifeste pas non plus de la même manière. Je suppose qu'un garçon qui subit de la violence physique va moins avoir envie de comprendre ce qui se passe et plus avoir envie de fuir le danger qu'une fille qui va plutôt subir de la violence verbale.
Bref, c'était un gros pavé

Qu'en pensez-vous ?
(si vous avez eu le courage de tout lire !)