Je suis en burn-out actuellement, de retour au travail début janvier et je me pose beaucoup de questions sur le fait de le dire ou pas.
Je suis dans une entreprise (grosse entreprise du CAC 40) depuis 15 ans. La RH, mon chef, mes collègues seraient je pense très surpris voire choqués car je me cache bien. Je passe la majeur partie de mon temps en interactions sociales et au milieu d'un open space.
J'ai toujours réussi tant bien que mal à supporter cela, et au fil des années j'ai mis en place des stratégies pour ne pas déborder, tenir et faire redescendre la pression. La goutte d'eau a été un projet dont on m'a donné la responsabilité mais dont personne ne veut de l'objectif et qui est irréalisable en terme de budget et délai.
Je précise en préambule que je ne veux pas, pour pleins de raisons hors de propos ici, quitter cette entreprise, ce n'est pas une option pour moi.
D'un coté le dire permettrait d'expliquer en grande partie mon burn out, demander quelques adaptations, faire valoir mes besoins, pouvoir dire non si je ne le sens pas.
Mais de l'autre je crains de me retrouver au placard, de subir un validisme latent plus ou moins assumer.
Sachant évidemment que le dire est irréversible je suis indécis...
Dans mes recherches j'ai l'impression d'avoir mis en évidence 2 cas dans lesquels le dire parait positif:
- une entreprise dans le social et en lien avec les neuroatypies
- une entreprise dans laquelle la personne TSA est rarement en contact avec ses collègues.
Je pense par exemple à une personne qui m'expliquais travailler dans l'électricité et être en intervention extérieur quasiment toute la journée.
Bref j'ai tendance à penser que pour que cela se passe bien alors soit l'entreprise est partie prenante soit les interactions avec les collègues sont limitées ce qui évite de les mettre mal à l'aise et de rester centrer finalement sur la qualité du travail lui même.
Dans tous les autres cas, et dans mon cas en particulier, j'ai le sentiment que cela aura un impact négatif car après tout, du point de vue de l'entreprise et des collègues, je suis le problème, le hors norme. Et donc je suis celui qui doit faire des efforts pour m'adapter.
Pire je crains que la RH soit compatissante (après tout sur le papier la prise en charge du handicap est importante pour mon entreprise) mais qu'aucune action concrète ne soit appliquée, me retrouvant alors à découvert mais sans soutien ( cf l'excellente BD de
Julie Dachez, la différence invisible)
J'entrevois également une troisième piste qui serait d'utiliser le burn out pour exprimer des besoins d'adaptions mais sans parler d'autisme (cf la vidéo de
Faber Rice partie 1 et
partie 2 )
Après tout le cœur du sujet est bien là: dire que je suis autiste ferait appel à l'imaginaire de mon auditoire avec ses clichés (
y a combien de cure dents ? tu te tapes la tête contre les murs ?) et ses jugements (c'est pas ça un autiste !).
Par contre dire que suite à mon burn out j'ai besoin d'adaptations afin de m'en sortir et ne plus y retomber me parait pour le moment une alternative séduisante.
Qu'en pensez-vous ?