manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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omega
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par omega »

annemarie a écrit :Tout ça pour dire qu'il ne s'agit peut-être pas de manque d'imagination mais de manque de naiveté.

Les gens normaux jouent entre eux à croire à une illusion commune, et ça les rassure, ça les renvoie à cette douce illusion partagée avec la mère qu'ils n'étaient qu'un, ensemble.

Les autistes pour x raison ont perdu très tôt cette illusion
Et on dit aussi les autistes naïfs.
Comme quoi, le manque d'imagination comme la naïveté sont relatifs... :D
Je suis d'accord pour cette incapacité d'adhérer à une illusion, cette perception factuelle de la réalité.
Cependant, je ne saurais dire si les autistes la perdent très tôt (ce qui suppose qu'ils l'aient tout à fait "normale" à la naissance?) ou bien s'ils ont tout simplement un fonctionnement différent depuis l'origine.
Je crois qu'il faudrait bâtir une psychologie de l'autisme parce que la psychologie est la description des mécanismes psychiques, mais quand il y a une différence à la base, le mécanisme est forcement différent.
Je le pense aussi.
Les mécanismes sont différents, et même lorsqu'ils donnent lieu à des actions ou des résultats similaires, il peut y avoir une logique ou une motivation totalement différentes derrière.
Du coup, même si l'observation des faits est objective (? :roll: ), cela donne lieu à des interprétations et des jugements totalement décalés et erronnés, par la suite.
«Nous sommes tous des farceurs: nous survivons à nos problèmes.» (Cioran)
annemarie
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par annemarie »

Ben, cette illusion, elle serait plutôt acquise à la naissance, elle s'élabore avec la mère, après savoir si c'est une incapacité génétique ou circonstantielle, ça dépend peut-être du patrimoine et de l'histoire.
Je pense que tous ont vécu une coupure, qu'elle soit due à la différence (pas de lien possible par manque d'outil) ou à une séparation physique ou à une impossibilité de construire le lien ( trop dangereux dans le cas de mère dépressive ou psychotique), de toute façon le résultat est que cette illusion partagée avec la mère n'est pas possible.

Ce qui est important c'est d'arriver à voir ça sans y mettre aucune notion affective. La faute des mères, ça ne veut rien dire, à moins de penser qu'une femme peut volontairement déprimer ou avoir un problème psychique, je ne vois pas en quoi elle est responsable. D'autre part, un enfant sans aucune prédisposition ne deviendra pas autiste, il aura un autre trouble, mais pas celui-là.

La notion de trouble m'embête aussi, les troubles sont juste les conséquences de la différence, il faudrait trouver un autre terme qu'autisme pour dire la construction cérébrale différente, l'autisme n'étant que la description de ce qui ne fonctionne pas.

Ce qu'on retrouve, qui est commun, c'est le fonctionnement atypique, atypique en regard de la normalité, mais qui est commun à de nombreuses personnes.

Dans ce que disait Olé, c'est ce fonctionnement qu'on retrouve chez tous les "autistes" quel que soit leur niveau de fonctionnement. De la même façon qu'on retrouve un fonctionnement typique quel que soit leur niveau de fonctionnement chez les personnes typiques.
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Jean
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par Jean »

annemarie a écrit :A ce propos, saviez-vous:

Letter to the Editor
Did Hans Asperger (1906–1980) have Asperger Syndrome?

Viktoria Lyons and Michael Fitzgerald
Paru dans le "journal of autisme and developmental disorders, volume 37"
http://www.springerlink.com/content/n00 ... ltext.html
Texte publié le 5/10/2007 - Traduction proposée :

Cher éditeur :

Qui était l'homme qui a si bien décrit les enfants avec «psychopathie autistique» et qui a développé le traitement et les interventions qui sont toujours d'actualité pour ceux qui sont diagnostiqués avec le syndrome d'Asperger?

Selon les données biographiques (Colin, 2006 ) Hans Asperger est né il y a 100 ans dans une famille d'agriculteurs en dehors de Vienne, en Autriche, aîné des deux fils. Il a été rapporté que depuis son plus jeune âge déjà, il a montré un talent particulier pour la langue et dans ses premières années à l'école il était connu pour son intérêt particulier à citer Franz Grillparzer, le poète national autrichien, une caractéristique qu’il a maintenu tout au long de sa vie. Il semble aussi qu'il ne s’est pas fait facilement des amis et qu'il était considéré comme étant «à distance», mais au cours des années plus tard, il s’est fait des amis en particulier pendant le temps qu'il a passé dans le mouvement de la jeunesse dans les années 1920. Bien qu'il donne l'impression d'être maladroit, il aimait marcher dans les bois et les montagnes autrichiennes. Asperger a étudié la médecine à Vienne et a commencé à travailler à la station de pédagogie corrective à l'Hôpital universitaire pour enfants de Vienne. Après la Seconde Guerre mondiale, il fut nommé à la Chaire de pédiatrie de l'Université de Vienne, qu’il a occupé pendant 20 ans. Il s'est marié en 1935 et a eu cinq enfants. Il a travaillé jusqu'à la fin et a donné une conférence quelques jours avant sa mort. Sa liste de publications est supérieure à 300, les deux principaux sujets étant «la psychopathie autistique» et «la mort».

Asperger était profondément préoccupé et attentif à ses patients, il a souligné les aspects positifs de nombreux traits en ne négligeant pas le négatif de nombreuses fonctionnalités. Ses raisons pour mettre en évidence les talents intellectuels, les possibilités de réalisations académiques et le bon résultat de ses cas auraient été doubles: d'une part, il a essayé de protéger ces enfants de l’envoi dans des camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale, d'autre part , il pourrait également avoir reconnu de nombreux problèmes de ces enfants comme étant les siens, mais il a trouvé des façons de surmonter ces difficultés et de devenir un pédiatre avec succès (Colin, 2006 ).

Sa préoccupation sur la «mort» pourrait être liée à ses expériences pendant la Seconde Guerre mondiale. Asperger a servi comme médecin militaire pendant la guerre en Croatie, son jeune frère est mort à Stalingrad (Colin, 2006 ). Toutefois, il est également très fréquent que les personnes ayant le syndrome d'Asperger soient obsédées par la mort (Fitzgerald, 2004 ).

Selon Frith ( 1990 , p. 9), il était un «homme tranquille, réservé, ancré dans la tradition humaniste, avec une connaissance approfondie des classiques, de l’histoire, l’art et la littérature». Ses talents dans l'usage de la langue allemande se reflètent dans tous ses écrits. Comme déjà mentionné, il aimait particulièrement le poète autrichien Grillparzer, qu’il aimait souvent citer. Parfois, les personnes atteintes du syndrome d'Asperger sont attirés par les poètes autistes. Franz Grillparzer (1791-1872) fut l'un des plus importants auteurs autrichiens du 19e siècle, et sa vie a été assombrie par le suicide de sa mère et de son frère cadet. Son père était un homme réservé avec un comportement brusque et froid, tandis que sa mère était une femme très aimable qui avait un grand intérêt pour la musique, ce dont il avait hérité. Grillparzer a souffert de dépression, avait des relations avec les femmes très étranges et sans succès, était hypocondriaque et incapable de maintenir des relations étroites (Vocke, 2006 ). Ce sont des caractéristiques communes chez les personnes atteintes du syndrome d'Asperger.

Maria Asperger-Felder, l'une des filles de Asperger décrit son père lors d'une entrevue avec Uta Frith (1989) comme lointain, isolé et tranquille; isolé de sa famille, mais d'autre part intéressé par le groupe. Elle a décrit son intérêt pour la langue allemande et sa préoccupation constante avec des citations comme «étrange et intense". Elle a également mentionné qu'il était maladroit (Colin, 2006 ).

Asperger aimait aussi se citer lui-même et se présentait souvent à partir d'un point de vue d’un tiers (Colin, 2006 ). Ceci est cohérent avec la suggestion que les personnes autistes communiquent parfois d'une personne du point de vue d’un tiers, au lieu de la perspective d’une seconde personne par rapport à un vis-à-vis (Peeters et al., 2003 ).
Christopher Gillberg ( 1990 ) a suggéré que Hans Asperger a dû avoir une profonde compréhension du type de personnalité qu’il a décrit et on peut supposer que, dans son sens le plus large, Asperger lui-même était dans le spectre de l'autisme, tel que cité par Colin ( 2006 ).

Nous y souscrivons pleinement.
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par Murielle »

Intéressant ce qui est dit sur H. Asperger.... :D Merci Jean.! :love:
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par Murielle »

Ce que vous dites aussi Annemarie et Oméga, je trouve cela hyper intéressant....Ca donne à réfléchir.!!! :bravo:
Cependant, en tant que NT....comment faire pour retirer l'affectif et l'émotionnel...??? Quelque part, j'aimerais bien pouvoir avoir cette "vision" neutre, objective dans un certain sens....Je sais et je réalise de plus en plus combien je suis menée par mes émotions, mes sentiments....Mais comment faire autrement, puisque si je peux dire: ça fait partie intégrante de ma personne.!! :wink:
Sur certaines choses, en prenant le temps d'analyser, je pense que c'est possible de "décortiquer" une attitude après coup....en se disant, tiens là, j'ai réagis comme ça parce que.......Mais franchement, ça me semble tout aussi complexe que si on demandait à des personnes aspies de réagir en ne prenant compte que de l'affectif.... :crazy:
Comment pourrions-nous créer un "pont" entre NT et SA pour éviter de vous blesser au quotidien.???
Parce que si chez certaines personnes, c'est volontaire, je suis bien persuadée que pour beaucoup, ça ne l'est pas.!! :love: :love: :love:
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par Murielle »

Pour le "pont", je dis cela en sachant que pour le moment, il n'y a pas de réponse vraiment adaptée, mais je pense qu'en pratiquant ces échanges on peut éventuellement parvenir à trouver quelque chose de satisfaisant? :mryellow:
Ben, oui....là , c'est mon côté optimiste qui ressort....A coeur vaillant, rien d'impossible.! :mryellow:
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par annemarie »

Comme pour tous les échanges, des concessions de part et d'autre.

Ce qui est difficile, c'est que souvent, entre nous, ça touche un point sensible; pour vous, la peur de ne pas être aimés, donc besoin de manifestation de tendresse et d'intérêt, pour nous la peur d'être abandonnés seulement physiquement, donc besoin de rassurance mais un peu lointaine.

C'est dur à expliquer, pour comprendre, il faut avoir cette notion qu'une mère et son enfant passent les six premiers mois en ne faisant qu'un. C'est biologique, pour assurer à la mère la force de s'occuper à temps plein de quelqu'un d'autre, il faut justement qu'elle ne le ressente pas comme étant autre.

Dans l'idéal, cet état se dissipe petit à petit au fur et à mesure que l'enfant devient autonome. Dans la réalité, il y a tous les cas de figure, jusqu'à la fusion qui dure tout le temps, comme ces quelques vieux couples mère/fils ou père/fille qui perdurent jusqu'à la mort.

Dans l'autisme, et c'est ce que vous avez du mal à encaisser parce que c'est contre nature, l'enfant ne vit pas cette fusion, la mère si, sauf si elle est elle-même autiste.

Pour la mère, c'est une réelle catastrophe. Puisqu'elle n'est qu'une avec l'enfant et lui pas, c'est en gros comme si un de ses bras ne lui appartenait plus.

Pour continuer la métaphore, elle fait tout pour garder son bras, qui lui, déjà détaché, souffre de ce qu'elle tente de le recoller.

Par la suite, ça donne un bras (l'enfant) qui ne supporte plus les tentatives de recollage ( en gros, les sentiments, les émotions de l'autre) et qui s'en coupe. De l'autre, un corps (la mère) qui continue désespérément à sentir ce membre fantôme et à en souffrir.

Le bras, y a rien à faire, ça ne se recolle pas.
Le corps, c'est un dur travail de deuil à faire.

Entre les deux, il y a à atténuer la peur de chacun, si le bras est rassuré sur le fait qu'on ne va pas le recoller, si le corps commence à cicatriser et a la force de s'occuper de son bras tout en sachant qu'il ne fait plus partie de lui, ça peut avancer mais chacun est pour l'autre le rappel de cette période difficile, toujours.

C'est ce qui se passe à des degrés divers entre nous, on représente pour vous ce bras qui gratouille et vous représentez pour nous ce corps qui veut nous récupérer.

En discuter comme on le fait, sans que rien ne nous rattache à part ce traumatisme commun, c'est un peu faire une psychothérapie de groupe avec tout ce que ça comporte de résistance, de souffrance, mais aussi d'espoir de se comprendre malgré tout.
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Murielle
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par Murielle »

Wouahhh.! Merci Annemarie pour cette métaphore très "parlante"....
Je vois , enfin je pense avoir compris ce que tu dis.... :D

Moi, je vais essayer (mais je suis moins douée que toi) de te donner mon "point de vue", ma "vision".... :wink:

J'ai la chance d'avoir 2 enfants....un NT (la 1ère) et Léo autiste donc....
Ce dont tu parles pour la fusion de la mère et l'enfant, tu as sans doute raison, surtout les 1ers mois où ce bébé est sans défense et ne peut vivre sans quelqu'un à côté. Ce lien est d'autant plus fort si l'on allaite....C'est très dur (enfin, surtout pour un 1er enfant) de ne plus du jour au lendemain l'avoir dans son ventre.!!! Là, aussi quelque part, je pense qu'il y a une sorte de deuil à faire... C'est très égoïste ce que je vais dire, mais je ne pense pas être trop loin de la réalité.!!!
Lorsqu'on est enceinte, on se retrouve le CENTRE d'intérêt de nos proches....Ca fait bizarre surtout si on a pas eu l'habitude de ça. Lorsque l'enfant naît: c'est un sacré chamboulement.!!! Il y a les hormones qu'on ne maîtrise pas vraiment, il y a ce détournement d'intérêt qui se pose sur le bébé et on ressent un vide physique mais moral aussi....Bref, on a aussi cette joie d'avoir réussi à faire un enfant, de le voir enfin ....C'est très ambivalent comme sentiments et ressentis.
Donc, pour en revenir à l'attachement maternel. Pour ma fille, les choses se sont faites de façon naturelle puisqu'elle a grandit "normalement" (j'aime pas ce terme...mais bon) , c'est à dire que son autonomie s'est mise en route toute seule et que progressivement, j'ai lâché son/mon "bras" :wink: .! Sans personnellement en souffrir, et je ne pense pas qu'elle en ait souffert non plus....C'était (et c'est toujours) le cheminement classique d'un parent qui n'élève pas son enfant pour lui-même mais pour en faire un adulte heureux plus tard.... :love:
Pour mon fils, ça n'a pas pu se faire de la même façon....Car assez rapidement, nous avons pu voir qu'il ne prenait pas ce chemin de l'autonomie seul....On ne l'a pas empêché, c'est lui qui ne pouvait /voulait pas.! :naugty:
Il a donc fallu s'en occuper plus et plus longtemps qu'un autre enfant classique....
C'est à ce niveau-là je pense qu'on peut imaginer de l'extérieur qu'on est "fusionnelle" ou trop présente....Mais j'insiste que ce n'est pas par choix, mais par obligation.! De la même façon qu'on ne peut pas ne pas porter assistance à personne en danger.! Pour utiliser une image forte: Si on voit un enfant se noyer dans une piscine, on ne va pas rester à le regarder mourir.! On va lui porter secours....pour ma part, c'est plutôt comme ça que je "vois" les choses... :roll:
Alors je ne sais pas si on peut dire que je n'ai pas voulu lâcher mon/son bras, ou si c'est lui qui ne pouvait se défaire de moi.....C'est très complexe en tous cas, mais de "mon point de vue", tu peux constater que ce n'est pas si simple..... :?
Comme pour tous les échanges, des concessions de part et d'autre.
Grâce à ce que tu dis, je pense en effet, qu'il est concevable de pouvoir faire des concessions afin de mieux vivre ensemble...Et vraiment je te remercie de m'avoir donné ta vision qui encore une fois donne à réfléchir et c'est vraiment intéressant.! :bravo: :love:
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Jean
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par Jean »

annemarie a écrit :Dans l'autisme, et c'est ce que vous avez du mal à encaisser parce que c'est contre nature, l'enfant ne vit pas cette fusion, la mère si, sauf si elle est elle-même autiste.

Pour la mère, c'est une réelle catastrophe. Puisqu'elle n'est qu'une avec l'enfant et lui pas, c'est en gros comme si un de ses bras ne lui appartenait plus.

Pour continuer la métaphore, elle fait tout pour garder son bras, qui lui, déjà détaché, souffre de ce qu'elle tente de le recoller.

Par la suite, ça donne un bras (l'enfant) qui ne supporte plus les tentatives de recollage ( en gros, les sentiments, les émotions de l'autre) et qui s'en coupe. De l'autre, un corps (la mère) qui continue désespérément à sentir ce membre fantôme et à en souffrir.
Ta métaphore est intéressante. Il me semble que la "souffrance du bras" (l'enfant) intervient beaucoup plus tard, au début de l'âge adulte.
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Mars
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par Mars »

Et quand c'est le père qui est près de l'enfant ?
C'était le cas chez nous.... Bon, il y avait aussi prématurité, donc séparation dès la naissance. Par la suite, nous avons alterné : moi toute seule 3 mois, les deux parents les 3 mois suivants, mon mari les 4 mois suivants, après une "nounou" a pris le relais...

Par ailleurs, je pense qu'il peut y avoir "fusion" en un certain sens, je pense au "feeling", sans empiéter (ou pas trop) sur l'autonomie de l'enfant. Je m'explique : sans en comprendre les raisons, je crois avoir "senti" très vite quand je pouvais intervenir auprès de ma fille et quand il valait mieux ne pas intervenir et laisser la situation se décanter toute seule. Dans le cadre de la maison généralement. A l'extérieur, je me sentais parfois (pas toujours) obligée d'intervenir pour désamorcer les conflits potentiels.
Je sais que beaucoup d'autres parents ont fait comme moi, intuitivement.
Dans ce cas, peut-on penser que "le bras" dispose d'une certaine autonomie, tout en restant sous la surveillance bienveillante du "corps" ?
Atypique sans être aspie. Maman de 2 jeunes filles dont une aspie.
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par annemarie »

Murielle a écrit :Pour mon fils, ça n'a pas pu se faire de la même façon....Car assez rapidement, nous avons pu voir qu'il ne prenait pas ce chemin de l'autonomie seul....On ne l'a pas empêché, c'est lui qui ne pouvait /voulait pas.! :naugty:
Il a donc fallu s'en occuper plus et plus longtemps qu'un autre enfant classique....
Oui, bien sûr, je te comprends, et j'ai fait à peu près la même distinction entre mes deux enfants.
Mais je me demande si côté autiste, on n'a pas tendance à exagérer nos aspects infantiles et non autonome pour remplacer ce lien manquant. C'est quelque chose qu'on ressent sans pouvoir l'expliquer et on se sent en danger sans connaitre le danger, donc on compense comme on peut.
Pour être plus claire, comme si sentir qu'on n'est pas liés comme les autres, nous faisait craindre d'être abandonnés, donc en ayant l'air vulnérable, on se sent rassurés car les autres réagissent.
Ca fait le lien avec ce que dit Jean, arrivé à l'âge adulte, on a un peu moins peur d'être abandonnés, mais ce côté infantile qu'on a surdéveloppé est toujours là, sans qu'on s'en rende compte et on a tendance à accuser les autres d'être trop présents, alors que c'est notre façon d'être qui est responsable. Encore faut-il qu'on s'en aperçoive et pire, qu'on arrive à modifier cette attitude. A peu près aussi dur que pour vous agir et réfléchir sans émotion.

Oui, Mars, quand une femme est normale, cette "fusion" passe avec l'évolution de l'enfant, c'est un état qui ne dure que quelques mois sauf les cas où la mère a eu des problèmes dans sa propre enfance et que la fusion avec son enfant comble l'état qu'elle a connu avec sa mère.
J'ai vu une jeune femme faire à peu près ce que tu décris et désamorcer un état chez l'enfant qui aurait pu devenir grave si elle s'était accrochée.
C'est là que la mère peut avoir une action énorme, en entendant les besoins de l'enfant, même si ça va à l'encontre de ses besoins à elle.
Mars a écrit :Dans ce cas, peut-on penser que "le bras" dispose d'une certaine autonomie, tout en restant sous la surveillance bienveillante du "corps" ?
D'une autonomie tout court si tu en a fait le deuil. Après, la bienveillance ça n'a plus rien avoir, j'allais dire, c'est un acte raisonné et responsable qui peut être en l'absence de lien.

Quand je parle de lien, c'est quelque chose que je ne sais pas décrire, probablement l'alchimie de l'attachement mère-enfant qui fait que les relations sont différentes en famille par rapport aux gens extérieurs. Souvent on ne se rend compte de son existence que lorsqu'on en est privé.
Je n'ai jamais compris par exemple au nom de quoi des enfants se mêlaient de la vie de leurs parents, où l'inverse, je crois savoir maintenant que c'est au nom de ce lien et ça commence à moins me choquer.
Pour moi, mes parents sont des gens avec qui j'ai partagé un petit morceau de ma vie, mon père était encore pire, lui n'a carrément jamais accepté la responsabilité de la paternité au delà de la mort de ma mère, quand à elle, elle a du souffrir beaucoup sans rien comprendre.
Par contre je me sens responsable de toute action que j'aurais pu avoir sur mes enfants, je ne les laisserais jamais dans la panade, mais je n'éprouve pas le besoin de jouer les mamies, quand je les vois je suis super contente, sans me sentir de prérogatives particulières.
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par annemarie »

Murielle a écrit :Ce lien est d'autant plus fort si l'on allaite....C'est très dur (enfin, surtout pour un 1er enfant) de ne plus du jour au lendemain l'avoir dans son ventre.!!! Là, aussi quelque part, je pense qu'il y a une sorte de deuil à faire... C'est très égoïste ce que je vais dire, mais je ne pense pas être trop loin de la réalité.!!!
J'allais passer sur le truc peut-être le plus important, bien qu'ayant allaité respectivement 3 ans et 2 ans, je n'ai jamais ressenti cette perte à la naissance, ni au cours des étapes suivantes d'autonomie, j'entendais les femmes de mon âge en parler et je ne comprenais pas le pourquoi.
Pour moi, dès le départ, l'enfant était autre, et si j'ai fait tout mon possible pour m'en occuper et les aider, ça n'est jamais parti des tripes, mais d'une démarche intellectuelle.
Je me pose d'ailleurs la question de comment un bébé NT peut ressentir cet état de fait et si ça ne le met pas en insécurité.
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par Murielle »

Je me pose d'ailleurs la question de comment un bébé NT peut ressentir cet état de fait et si ça ne le met pas en insécurité.
Ca je ne saurais y répondre.... :roll:
Ca me semble très difficile, car aucun bébé ne peut aujourd'hui expliquer ce qu'il ressent.... :wink:
Ca fait le lien avec ce que dit Jean, arrivé à l'âge adulte, on a un peu moins peur d'être abandonnés, mais ce côté infantile qu'on a surdéveloppé est toujours là, sans qu'on s'en rende compte et on a tendance à accuser les autres d'être trop présents, alors que c'est notre façon d'être qui est responsable. Encore faut-il qu'on s'en aperçoive et pire, qu'on arrive à modifier cette attitude. A peu près aussi dur que pour vous agir et réfléchir sans émotion.
C'est vraiment une histoire de "boules de neige" ou "l'effet papillon"....non? Mais qui de la poule ou l'oeuf.... :crazy: En fait, c'est bien d'avoir l'info et à chacun d'essayer de faire au mieux avec ce qu'il connait et ressent....finalement, je pense qu'avoir le respect de l'autre devrait être un bon début....Evidemment, personne n'est à l'abri de faire des erreurs mais c'est aussi avec qu'on peut petit à petit construire quelque chose qui ne soit pas trop mauvais.?
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par Murielle »

Je repense à une anecdote avec ma fille...
J'étais donc maman pour la 1ère fois, et toutes les personnes y allaient de leurs petits conseils, certains étaient juste une info (je prends) et d'autres étaient assez appuyés avec une espèce de reproche difficilement supportable:
"tu devrais moins la prendre, tu devrais la laisser pleurer, tu devrais la prendre comme ça, il faut attendre 2 heures entre chaque tétées ou encore la tétée , c'est à la demande..... :crazy: "
Au bout d'un moment, j'étais PERDUE, complètement anéantie , en me demandant si j'étais une "bonne" mère....Jusqu'à ce que je croise une pédiatre géniale.!
Je lui expliquais tout ça et je lui disais combien je finissais par ne plus rien savoir tellement j'étais abrutie de conseils dont certains étaient contradictoires.....
Voilà sa réponse:
"Madame, vous êtes unique, votre bébé est aussi unique, vous êtes sa mère....C'est A VOUS de faire COMME vous en avez envie, comme vous sentez qu'il faut faire, comme vous pensez que votre enfant a besoin....Si vous faites des erreurs vous le saurez et vous rectifierez le tir, personne ne peut savoir ce qu'il y a de mieux pour vous et pour votre enfant à part vous, ses parents...."
Je suis repartie le coeur léger et si les "conseils" ont continué, j'ai toujours fait comme je pensais qu'il était le mieux.! Elle m'a permis de me libérer d'une pression sociale intense et probablement nuisible. :bravo:
Elle qui était médecin aurait pu rajouter une couche en me disant ce qu'il fallait faire, mais je considère qu'elle était compétente grâce à la pertinence de sa réponse.... :bravo:
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Re: manque d'imagination TED ou erreur de jugement NT ?

Message par annemarie »

Oui, je crois que dans tous les cas, c'est le mieux à faire et c'est souvent ce qu'on interdit aux parents dès qu'il y a une quelconque anomalie et qu'on est obligé d'en passer par la médecine ou la psy. Les pro profitant de la faille pour dire ce qu'il faut faire en tout.