Cela fait deux fois que je conclue une discussion qui a pris des proportions qu'elle n'aurait pas du pour diverses raisons, en disant à l'autre "je crois qu'il faut que tu me précises quand tu veux juste vider ton sac." Parce que moi tout de suite je pars sur des plans en quarante-douze étapes pour essayer de proposer des solutions diverses et variées, et je m'enfonce parce que l'autre fini par s'énerver parce que je le contredis ou autre. Et je ne comprends plus rien.
Ce que je ne dis pas à l'autre et que je note dans un coin pour poser la question plus tard à une psychologue (ou à vous pour l'instant ) c'est "Les gens veulent parfois juste parler de leurs problèmes mais ne veulent pas qu'on leur trouve des solutions ?"
Mais alors en plus de cette question, je vous demande "Pourquoi en parler alors ? !"
Un peu stressée par tout ça, je mets en route une méditation guidée pour "se débarrasser des turbulences intérieures quand nos besoins ne trouvent pas réponse" (ma traduction vite fait, c'est en anglais). Et là à la fin j'entends "Parle à quelqu'un qui saura t'écouter avec empathie, sans vouloir résoudre tes problèmes."
Ah.
OK, j'accepte cette idée, difficilement parce que je ne la comprends pas, mais d'accord des gens peuvent ressentir le besoin de juste parler et d'être écouté, point. Mais cela fait naître deux autres questions :
- Comment savoir quand une personne souhaite juste vider son sac ou quand elle expose un problème pour trouver une solution sans signal clair ? (Ce que du coup j'ai demandé plus haut, que l'on me prévienne d'avance si je dois juste écouter mais pour le coup je ne suis pas sûre que ce soit l'autre qui comprenne mon besoin ! )
- Comment faire pour écouter avec empathie quand la sienne semble être décalée ?
D'avance merci !
Ecouter avec empathie
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Ecouter avec empathie
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Diagnostiquée SA (avec alexithymie) en janvier 2020 par un psychiatre spécialiste de l'autisme.
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Re: Ecouter avec empathie
Ecouter avec empathie n'est pas incompatible avec résoudre les problèmes, c'est même le contraire, ça aide à comprendre le vrai problème.
Les gens recherchent des solutions compatibles de leurs aspirations, de leur état d'esprit, de leurs priorités, en général ces dernières elles ne les mentionnent pas d'emblée dans la conversation.
L'impression que j'ai à te lire c'est que tu mets en avant les solutions qui t'iraient si tu étais dans cette situation. Alors au moins 9 fois sur 10, elles ne sont pas acceptables.
Un peu comme quand Macron donne des solutions à un horticulteur.
Les gens recherchent des solutions compatibles de leurs aspirations, de leur état d'esprit, de leurs priorités, en général ces dernières elles ne les mentionnent pas d'emblée dans la conversation.
L'impression que j'ai à te lire c'est que tu mets en avant les solutions qui t'iraient si tu étais dans cette situation. Alors au moins 9 fois sur 10, elles ne sont pas acceptables.
Un peu comme quand Macron donne des solutions à un horticulteur.
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話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Re: Ecouter avec empathie
Merci pour ton retour Benoit, bien que cela aborde en fait un autre sujet, je pense avoir compris ce que tu voulais dire. Que l'on essaye de proposer des solutions qui en sont pour nous mais qui ne le sont pas forcément pour l'autre. Pour parvenir à proposer des solutions adéquates, il faut d'abord arriver à se mettre dans les chaussures de l'autre, ce qui peut éventuellement poser problème à qui a du mal à le faire.
Mais dans ce cas précis, la personne ne voulait pas de solution, sur la fin elle a fini par me le dire explicitement. Elle voulait juste s’épancher, formuler un souci à voix haute sans avoir en retour de propositions de solution. Je pense que ce qu'il fallait que je fasse c'était écouter, hocher la tête, dire "Oui, oui, ah oui c'est un problème." et c'est tout.
Bien que j'ai du mal à comprendre que l'on ait envie d'énoncer un problème juste pour le formuler à voix haute sans vouloir aller plus loin, je veux bien entendre que cela arrive (puisque cela vient de m'arriver ), mais alors mon questionnement devient : comment suis-je censée savoir quand je dois juste dire "Olala quel souci tu as." et me taire ou quand je dois essayer de trouver une solution, que ce soit des solutions qui m'iraient ou que j'essaye d'en trouver une qui convienne à l'autre ?
Parce que je suis à peu près sûre que du coup la prochaine fois je vais bien faire attention à juste hocher la tête en disant "Oh oui c'est bien embêtant." et là je m'entendrais dire que je ne suis pas d'une grande aide et que je pourrais proposer des solutions.
Mais dans ce cas précis, la personne ne voulait pas de solution, sur la fin elle a fini par me le dire explicitement. Elle voulait juste s’épancher, formuler un souci à voix haute sans avoir en retour de propositions de solution. Je pense que ce qu'il fallait que je fasse c'était écouter, hocher la tête, dire "Oui, oui, ah oui c'est un problème." et c'est tout.
Bien que j'ai du mal à comprendre que l'on ait envie d'énoncer un problème juste pour le formuler à voix haute sans vouloir aller plus loin, je veux bien entendre que cela arrive (puisque cela vient de m'arriver ), mais alors mon questionnement devient : comment suis-je censée savoir quand je dois juste dire "Olala quel souci tu as." et me taire ou quand je dois essayer de trouver une solution, que ce soit des solutions qui m'iraient ou que j'essaye d'en trouver une qui convienne à l'autre ?
Parce que je suis à peu près sûre que du coup la prochaine fois je vais bien faire attention à juste hocher la tête en disant "Oh oui c'est bien embêtant." et là je m'entendrais dire que je ne suis pas d'une grande aide et que je pourrais proposer des solutions.
Modifié en dernier par Présage le mardi 2 octobre 2018 à 9:11, modifié 1 fois.
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Re: Ecouter avec empathie
Oui.Voire, ne veulent parfois pas en trouver eux mêmes(dans un premier temps)..Présage a écrit : ↑mardi 2 octobre 2018 à 5:19
Ce que je ne dis pas à l'autre et que je note dans un coin pour poser la question plus tard à une psychologue (ou à vous pour l'instant :wink: ) c'est "Les gens veulent parfois juste parler de leurs problèmes mais ne veulent pas qu'on leur trouve des solutions ?"
Pour 'partager' des émotions qui y sont associés ?Ou dans un premier temps, comme tu l'as écrit, ' vider leur sac'.C'est peut-être un truc français ? :D le partage par la ralerie et ressassement ? lol
A quoi ça sert ?
Peut-être que l'exprimer et se sentir écouté en plus de décharger de tensions/émotions difficiles permet aussi à la personne ensuite d'aborder sa situation sous un autre angle(rien que de formuler une problématique à d'autres y fait penser différemment que de seulement y penser seul?parfois la personne peut cibler un problème incorrectement d'ailleurs par manque de recul, d'ou que des solutions n'y répondront pas).
En termes plus empathique ça doit faire sentir qu'on soutient/est soutenu( lorsqu'il y a des situations occasionnant stress sans solutions à portées type burn-out/harcèlement pro.., j'ai observé ce besoin de parler encore et encore des problèmes).
La médit' pour gérer les sentiments pénibles, c'est pas pour tlmonde non plus, certaines personnes auront plus besoin d'être actif ou se défouler, et d'autres donc auront ce besoin d'exprimer leur vécu et les émotions associées(voire de les balancer et de s'en torcher sur d'autres :/) pour le coup, de par ta formulation, ça mdonne l'effet que tu aurais cherché à résoudre le problème que la personne représentait pour toi par son expression/ pour t'en débarrasser/ou en transposant à toi même sa situation
pour tes deux dernières questions mélange de résumé de notes d'habiletés sociales et reflexions :
1)repérer si la personne cherche des solutions: Déjà, je pense que ce n'est simple pour personne en fait, même hors autisme.Rien qu'en suivi psy, ça prend des fois des années pour que des gens acceptent l'aide/solutions qu'ils sont venus chercher. Là c'est plus issu de mes réflexions, mais je crois que le besoin de se vautrer un temps indéterminé dans une phase de 'chouinage/pleurnichage' peut-être vu comme une étape de la 'problématisation '=> incluant cibler correctement le problème.
Je dirais que si la personne s'étale dans le pathos(dramatisation du moins), sa raison mise de coté, et ne formule de demandes tournées vers les solutions, elle risque de prendre des conseils , même lorsqu'adaptés, comme une attaque("comment oses tu t'en prendre à mon problème!") ?Si tu notes une résistance à tout autre point de vu sur une situation(ça peut-juste être l'esprit de contradiction aussi)? Là je n'ai aucune certitudes:mais lorsque les problèmes sont plus psycho , liés aux relations et sentiments, les solutions me semblent plus complexes, dont à accepter que dans des cas de problèmes concrets=> résolution pratique.
Il y a surement d'autres signaux en fonction de la personne et situation qui permettent de cerner un peu ses dispositions( t'as pas de chances je retrouve plus juste la fiche sur ce sujet :D)
2) résumé empathie
-écouter l'autre =lui laisser de la place pour s'exprimer/accueillir.Encourager l'expression(hum hum +signes de têtes- horribles x) je HAIS ça, jtrouve ça abrutissant !)
- nos besoins ne correspondent pas forcément à ceux de l'autre.Lui demander quels sont les siens.
-éviter d'anticiper /faire des réponses à la place de l'autre et de baser sur le passé : laisser place au changement.
-poser des questions pour comprendre
-reformuler avec ses mots l'essentiel du message de la personne(un peu comme la CNV je crois) normalement ça donne l'impression que tu comprends, lol)
- eviter de : changer de sujet/nier/minimiser/dramatiser/juger
de ce que j'ai compris un certain minimalisme fonctionnerait dans l'écoute empathique : laisser l'autre s'exprimer voire formuler ses solutions, en le relançant ou reformulant sans s'imposer au travers des conseils trop directement.A adapter à sa propre 'empathie décalée'(Bon après j'ai pas trop pratiqué la technique par manque de cobayes :D )
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Re: Ecouter avec empathie
Super Nel Blu, ton paragraphe sur pourquoi parler de ces problèmes sans vouloir que l’on y trouve une solution m’a fait voir la chose sous un autre angle.
Je travaille en informatique et effectivement, des fois formuler à voix haute un problème que je rencontre me donne la réponse qui m’était jusqu’alors invisible. Bon sauf que lorsque je pose la question je veux vraiment une solution. Mais je pense que cela me permet de mieux comprendre le fait de vouloir dire à voix haute un souci, pour l’exorciser, l’entendre autrement que dans sa tête, etc.
Du coup avec ce nouvel éclairage, effectivement le souci qu’a évoqué cette personne n’aurait pas trouvé de solution dans l’instant et je suis donc parti sur des plans, des propositions, des hypothèses futures, restant très terre à terre… Et j’ai sûrement du lui donner plus un mal de tête qu’autre chose, voire lui rajouter des problèmes. Alors que comme je lui ai dit, je ne voulais que trouver une façon de faire disparaître son souci, qu’elle puisse me dire « Ah bah voilà si je fais ça, c’est réglé et je me sentirais mieux. » Il n’y a rien de plus derrière, j’ai une vision simpliste, un problème, une solution.
Rassurée de lire que c’est peut-être quelque chose de difficile pour tout un chacun, certains réalisant peut-être plus rapidement que la personne à juste besoin d’une oreille et pas d’un cerveau. J’entends l’attaque qu’elle peut ressentir comme tu dis. Il va falloir que je sois plus attentive et sache repérer la première résistance (pour le coup il y a du en avoir plusieurs, mais moi j’ai continué de foncer tête baissée ). Si tu retrouves ta fiche, je prends toujours hein !
Pour l’empathie, c’est ce que je viens de dire du coup, qu’il aurait fallu que je me contente de « Hum, hum. » bien placés.
Pourtant je pensais avoir fait quelques progrès sur justement le fait que mes besoins ne sont pas ceux de l’autre. Il y a encore de la route…
Éviter de faire les réponses à la place de l’autre, je me rends compte de plus en plus que je peux avoir tendance à couper parce que j’ai deviné ce qu’allait dire l’autre ou parce que ça ne va pas assez vite pour moi, mais ça c’est peut-être à cause de l’HPI et ma vitesse de traitement.
Reformuler, j’essaye de le faire, ça ne passe pas toujours bien avec l’autre j’ai l’impression mais je continuerais. Mais comme poser des questions, j’ai l’impression que c’est déjà trop pour l’autre qui ne voudrait que des « Hum, hum. »
En tout les cas merci pour ton message constructif, ça m'apporte des briques que j'espère pouvoir utiliser.
Je travaille en informatique et effectivement, des fois formuler à voix haute un problème que je rencontre me donne la réponse qui m’était jusqu’alors invisible. Bon sauf que lorsque je pose la question je veux vraiment une solution. Mais je pense que cela me permet de mieux comprendre le fait de vouloir dire à voix haute un souci, pour l’exorciser, l’entendre autrement que dans sa tête, etc.
Du coup avec ce nouvel éclairage, effectivement le souci qu’a évoqué cette personne n’aurait pas trouvé de solution dans l’instant et je suis donc parti sur des plans, des propositions, des hypothèses futures, restant très terre à terre… Et j’ai sûrement du lui donner plus un mal de tête qu’autre chose, voire lui rajouter des problèmes. Alors que comme je lui ai dit, je ne voulais que trouver une façon de faire disparaître son souci, qu’elle puisse me dire « Ah bah voilà si je fais ça, c’est réglé et je me sentirais mieux. » Il n’y a rien de plus derrière, j’ai une vision simpliste, un problème, une solution.
Rassurée de lire que c’est peut-être quelque chose de difficile pour tout un chacun, certains réalisant peut-être plus rapidement que la personne à juste besoin d’une oreille et pas d’un cerveau. J’entends l’attaque qu’elle peut ressentir comme tu dis. Il va falloir que je sois plus attentive et sache repérer la première résistance (pour le coup il y a du en avoir plusieurs, mais moi j’ai continué de foncer tête baissée ). Si tu retrouves ta fiche, je prends toujours hein !
Pour l’empathie, c’est ce que je viens de dire du coup, qu’il aurait fallu que je me contente de « Hum, hum. » bien placés.
Pourtant je pensais avoir fait quelques progrès sur justement le fait que mes besoins ne sont pas ceux de l’autre. Il y a encore de la route…
Éviter de faire les réponses à la place de l’autre, je me rends compte de plus en plus que je peux avoir tendance à couper parce que j’ai deviné ce qu’allait dire l’autre ou parce que ça ne va pas assez vite pour moi, mais ça c’est peut-être à cause de l’HPI et ma vitesse de traitement.
Reformuler, j’essaye de le faire, ça ne passe pas toujours bien avec l’autre j’ai l’impression mais je continuerais. Mais comme poser des questions, j’ai l’impression que c’est déjà trop pour l’autre qui ne voudrait que des « Hum, hum. »
En tout les cas merci pour ton message constructif, ça m'apporte des briques que j'espère pouvoir utiliser.
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Re: Ecouter avec empathie
Le but est surtout se s'assurer que vous parlez de la même chose, pas de donner une impression.-reformuler avec ses mots l'essentiel du message de la personne(un peu comme la CNV je crois) normalement ça donne l'impression que tu comprends, lol)
Ton résumé est très bien fait, par contre je pense qu'il relève plus de la discussion constructive que de l'empathie dans l'absolu. On trouve à peu près les mêmes dans les écoles de commerce sous le titre "bien négocier" (gagnant-gagnant).
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)
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Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Re: Ecouter avec empathie
J'ai un peu cette impression aussi.Après ça vient peut-être plus d'un rejet de ce qui est dit( pour ma part)dès lorsqu'on n'y met pas l'expressivité ou la connexion émotionnelle( j'ai parfois observé que des gens acceptaient mieux des idées que j'avais énoncées, dites par d'autres y mettant le ton, expressions).Faudrait idéalement 'refléter'/extérioriser sa compréhension par l'émotion (j'en suis incapable, et cela seul suffit à certains pour juger de votre empathie).D'autant si on délivre bcp d'infos verbales/solutions, apparemment si le non verbal y est pas, certains gens, techniquement, ont du mal à suivre..Présage a écrit : ↑mardi 2 octobre 2018 à 9:48
Rassurée de lire que c’est peut-être quelque chose de difficile pour tout un chacun, certains réalisant peut-être plus rapidement que la personne à juste besoin d’une oreille et pas d’un cerveau. J’entends l’attaque qu’elle peut ressentir comme tu dis. Il va falloir que je sois plus attentive et sache repérer la première résistance (pour le coup il y a du en avoir plusieurs, mais moi j’ai continué de foncer tête baissée :o ). Si tu retrouves ta fiche, je prends toujours hein !
[...)
Reformuler, j’essaye de le faire, ça ne passe pas toujours bien avec l’autre j’ai l’impression mais je continuerais. Mais comme poser des questions, j’ai l’impression que c’est déjà trop pour l’autre qui ne voudrait que des « Hum, hum. » :?
Une autre réflexion que je me fais, c'est que bien qu'en étant TSA, la difficulté de communication ne viendrait pas toujours que de soi.
Y'a aussi des façons très courantes de mal communiquer, bourrées de biais ..on n'est pas , je crois,( dans les tsa, mais aussi d'autres conditions/ caractéristiques voire troubles)les seuls à avoir des lacunes en communication dans un monde ou tlmonde se comprend très bien.Mais je suis un peu blasé//humour-noir sur ce sujet : j'ai tendance à penser que même pour des gens avec une empathie normale, y'aurait souvent illusion de compréhension, genre les hum-hum sont en fait conçus dans le but de s'hypnotiser réciproquement, permettant de répondre complètement à coté de la plaque, tout en donnant à chacun l'impression, grace à la synchronie et mimétisme des gestes , d'avoir eu une conversation très enrichissante x) ça rejoint un peu le thread de freehost
C'était en fait dans la partie 'empathie' du module sur la résolution des problèmes interpersonnels- y en avait un entier sur l'empathie plus nuancé, que j'ai pas retrouvé( avec notamment la distinction avec la contagion émotionelle jmsouviens, ).Dans le groupe d'HS que j 'ai fait, y avait bcp les notions d'affirmations /assertivité qui revenaient à peu près dans chaque thème..et elles m'ont fait aussi cet effet très 'commercial',- à presque anticiper les potentiels rapports de forces/envisager comment en tirer qlch.
L'empathie c'est une notion dont je trouve compliqué de faire la part entre les définitions et l'entendement plus courant, qui mélange la sympathie, compassion(conséquence possible ), empathie emotionnelle, théorie de l'esprit... plus j'y pense moins je comprends lol, je comprends notamment rien au fait que des gens à priori 'normalement empathiques' ne repèrent pas lorsqu'on regarde dans les yeux sans rien y transmettre/ou lire ou préfèrent cela.
En cet exemple elles échouent donc totalement, dans leur empathie, à se mettre à la place de qui leur diffèrent de trop,( plutot paradoxal face à la formule courante se mettre à la place de l'AUTRE-s'il fonctionne comme soi ?l'empathie ce serait comme un module neuropsycho qui faciliterait la communication avec qui il est partagé , une sorte de 'moyen', ou plus le résultat => comprendre l'état d'une personne indépendamment du comment ?) mais en plus elles arrivent à lire des trucs inexistants dans des signaux artificiels.Et même quand y 'a pas de signaux, lol.
Si t'as une version simple pour les nuls, ça m'intéresse.
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Re: Ecouter avec empathie
Je ne m'essaiera pas à définir l'empathie ou les empathies des psys ici (ex. empathie emotionnelle et empathie cognitive), on a un fil de plus de 20 pages pour en parler, plus tous les autres
viewtopic.php?f=6&t=1372
Illustrer l'empathie ça n'est possible à mon avis qu'avec ce genre de mise en situation, effectivement.
Je n'ai pas de résumé "pour les nuls" mais il y a cet extrait de J. Sinclair, je ne suis pas allé très loin pour le chercher :
https://www.asperansa.org/jim_sinclair_empathie.html
viewtopic.php?f=6&t=1372
Illustrer l'empathie ça n'est possible à mon avis qu'avec ce genre de mise en situation, effectivement.
Je n'ai pas de résumé "pour les nuls" mais il y a cet extrait de J. Sinclair, je ne suis pas allé très loin pour le chercher :
https://www.asperansa.org/jim_sinclair_empathie.html
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Re: Ecouter avec empathie
On peut éventuellement s'inspirer de cet article, entre autres pour distinguer empathie, sympathie et compassion :
Ou celui-ci de Matthieu Ricard :
Est-ce que les personnes autistes auraient des attentes différentes dans une situation problématique, où l'homéostasie psychique est perturbée ?
Bon, en tout cas, une difficulté pour pas mal de personnes spectro-autistes est d'exprimer avec du langage non verbal cette empathie, cette sympathie et cette compassion.
Et comme beaucoup de personnes non autistes (mais aussi des personnes spectro-autistes) semblent ressentir la solitude comme une souffrance, elles ressentiront alors une situation de détresse ("Je suis seul(e).", "Il n'y a personne pour m'accompagner." "Il n'y a personne en qui je puis avoir confiance, en qui je puis me confier."). Lui montrer empathie, sympathie ou compassion peut aider la personne à ne pas se sentir seule, à savoir qu'elle peut avoir des aides extérieures. Il y a parfois une carte à jouer (si on l'a piochée) : avoir vécu la même expérience que la personne, et lui raconter celle-ci, ce qu'on a vécu, ressenti (ne pas tout de suite brandir les solutions, mais... attendre que la personne nous demande, d'elle-même, "Et comment tu t'en es sorti(e) ?"). Elle se sentira d'autant moins seule.
À l'inverse, tout de suite lui donner une solution peut lui donner/renforcer un sentiment de honte ("Je suis nul(le). Je n'ai pas trouvé la solution. Lui/elle l'a trouvée."), alors de culpabilité ("J'aurais dû le savoir."). Quand une personne nous fait part de ressentis négatifs, ben, au début, on ne sait pas combien de temps s'est écoulé entre le moment où elle a effectivement eus ces ressentis et le moment où elle nous en parle. On ne sait donc pas si de l'eau a eu le temps de couler sous les ponts, si ses ressentis sont tout frais ou si ça a eu le temps de mijoter, de maturer, de prendre un brin de recul.
C'est marrant, une personne élève (pour le cours de français) me demandait mercredi passé quelle différence il y avait entre empathie et compassion.Sympathie, compassion, empathie…
Ces trois mots sont trois concepts distincts très intéressants à interroger quand je m’aperçois que certains de mes patients les utilisent comme mots interchangeables. Or, ils ont des sens différents sur nos comportements, nos pensées et nos émotions.
L’empathie
Par définition, l’empathie est la capacité non seulement d’identifier les émotions des autres, mais aussi d’être à l’écoute de l’expérience émotionnelle des autres. L’empathie est alors soit une pensée, soit une pensée et une émotion.
Elle n’est qu’une pensée (une intellectualisation de l’expérience) si en voyant quelqu’un pleurer j’en conclus que la personne est triste, même si la personne ne dit rien. Elle n’est qu’une pensée si en voyant quelqu’un se faire mal j’en conclus que la personne ressent de la douleur, même si la dite personne ne crie pas.
Pour que l’empathie soit et une pensée et une émotion, il faut que je ressente une certaine version atténuée de l’état ressenti par la personne. Et c’est souvent parce que j’ai eu l’expérience de ce que ressent la personne, que je peux ressentir ce qu’elle ressent.
L’empathie est une capacité fondamentale de l’être humain. Ne pas avoir d’empathie pose autant de problème que d’en avoir trop.
Quand on n’en a pas d’empathie, on ne repère pas les émotions des autres et on ne parvient que difficilement à créer des relations intimes et complices.
Quand on a trop d’empathie, notre objectif de vie devient la résolution des problèmes. On supprime alors aux autres la capacité de ressentir les conséquences naturelles de leurs émotions et de leurs comportements en les prenant continuellement en charge. Et on finit par ressentir de la colère et du ressentiment parce qu’on a l’impression d’avoir trop donné de nous mêmes.
Pour conserver une empathie équilibrée, il est nécessaire de trouver le juste équilibre entre l’écoute de l’autre et le respect de soi.
Dans la vie courante, on dira : « Je vois que tu es déçu et je peux comprendre pourquoi. »
La sympathie
La sympathie est une prise de conscience du vécu d’une autre personne avec le sentiment que la situation est digne d’attention de notre part. C’est une sensibilisation à la connaissance de l’autre. C’est la possibilité de sélectionner les bonnes réponses émotionnelles appropriées pour les états émotionnels apparents de l’autre.
Il y a entre nous et l’autre une distance émotionnelle car dans ce cas, on ne prend pas l’émotion de l’autre pour nous même. Cela veut dire que l’on garde une certaine distance. Or, cette distance peut nous permettre de nous mettre à la place de l’autre (et non penser à sa place) pour l’aider comme il le souhaite et non comme nous aimons être aidés;
Dans la vie courante, on dira : « Je suis désolée pour vous. Est-ce que je peux vous aider ? »
La compassion
La compassion consiste à souffrir, subir quelque chose avec une autre personne. Cette capacité nous oblige à nous mettre dans la peau de l’autre, nous immerger dans son point de vue et sentir l’émotion comme si on ressentait la même. Mais la principale caractéristique de cette capacité est l’action. On peut considérer la compassion comme la traduction de l’empathie en action. Compatir veut dire vouloir aider en examinant les moyens qui peuvent aider l’autre à se sentir mieux.
La compassion, comme l’empathie, peuvent s’étendre à tous les êtres humains, contrairement à la sympathie qui concernent nos proches.
Dans la vie courante, on dira : « Je comprends ta fatigue. Je vais aller faire les courses et tu vas te reposer. »
Résumé
La sympathie se concentre sur la sensibilisation
L’empathie se concentre sur l’expérience
La compassion se concentre sur l’action.
L’empathie pourrait être réservée à notre capacité à internaliser l’état mental de l’autre. La sympathie permet la préoccupation pour identifier l’expérience de l’autre, sans nécessairement l’intérioriser. La sympathie est plus proche de la compassion que de l’empathie.
Ou celui-ci de Matthieu Ricard :
On peut aussi se demander. Et moi, quand j'ai un problème et que je l'exprime à autrui, est-ce que j'attends de l'accompagnement ou est-ce que j'attends de l'aide ou des solutions ? Ou les deux ? Dans le cas où j'exprime à autrui.. mais qu'est-ce que j'exprime ? Ma situation ? Mes problèmes ? Mes buts ? Mes ressentis ? Mes besoins ? ...Empathie, altruisme et compassion - 1
On peut définir l’amour altruiste comme "le désir que tous les êtres trouvent le bonheur et les causes du bonheur."
Ce désir altruiste s’accompagne d’une constante disponibilité envers autrui alliée à la détermination de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider chaque être en particulier à atteindre un authentique bonheur. Le bouddhisme rejoint sur ce point Aristote pour qui "aimer bien" consiste à "vouloir pour quelqu’un ce que l’on croit être bien" et "être capable de le lui procurer dans la mesure où on le peut." (1)
La compassion est la forme que prend l’amour altruiste lorsqu’il est confronté aux souffrances d’autrui. Le bouddhisme la définit comme "le souhait que tous les êtres soient libérés de la souffrance et de ses causes".
Cette aspiration doit être suivie de la mise en œuvre de tous les moyens possibles pour remédier à ces tourments.
L’empathie est la capacité d’entrer en résonance affective avec les sentiments d’autrui et de prendre conscience cognitivement de sa situation. L’empathie nous alerte en particulier sur la nature et l’intensité des souffrances éprouvées par autrui. On pourrait dire qu’elle catalyse la transformation de l’amour altruiste en compassion.
L’amour altruiste doit considérer lucidement la meilleure façon d’accomplir le bien des autres. L’impartialité requiert de ne pas favoriser quelqu’un simplement parce qu’on éprouve à son égard plus de sympathie que pour une autre personne qui se trouve également, voire davantage, dans le besoin.
Cette extension comporte deux étapes principales : d’une part, on perçoit les besoins d’un plus grand nombre d’êtres, tout particulièrement ceux que l’on avait considérés jusqu’alors comme des étrangers ou des ennemis. D’autre part, on donne de la valeur à un ensemble d’êtres sensibles beaucoup plus vaste, qui dépasse le cercle de nos proches, du groupe social, ethnique, religieux, national qui est le nôtre, et qui s’étend même au-delà de l’espèce humaine. (2)
Il est intéressant de noter que Darwin a non seulement envisagé cette expansion, mais qu’il la jugeait nécessaire. Il utilisait le mot sympathie dans le sens de bienveillance : "La sympathie, pour les causes que nous avons déjà indiquées, tend toujours à devenir plus large et plus universelle. Nous ne saurions restreindre notre sympathie, en admettant même que l’inflexible raison nous en fît une loi, sans porter préjudice à la plus noble partie de notre nature." (3)
Qu’est ce que l’empathie ?
L’empathie est un terme de plus en plus fréquemment employé, aussi bien par les scientifiques que dans le langage courant et il est souvent confondu avec l’altruisme et la compassion. Le mot empathie recouvre en fait plusieurs états mentaux distincts. Le mot empathie est une traduction du mot allemand Einfühlung qui renvoie à la capacité de "ressentir l’autre de l’intérieur" ; il fut utilisé pour la première fois par le psychologue allemand Robert Vischer en 1873 pour désigner la projection mentale de soi-même dans un objet extérieur — une maison, un vieil arbre noueux ou une colline balayée par les vents — auquel on s’associe subjectivement. (4) À sa suite, le philosophe Théodor Lipps étendit cette notion pour décrire le sentiment d’un artiste qui se projette par son imagination non seulement dans un objet inanimé mais aussi dans l’expérience vécue d’une autre personne.
L’empathie peut être déclenchée par une perception affective du ressenti de l’autre ou par l’imagination cognitive de son vécu. Dans les deux cas, la personne fait clairement la distinction entre son ressenti et celui d’autrui, à la différence de la contagion émotionnelle durant laquelle cette différenciation est plus floue. (5)
L’empathie affective survient donc spontanément lorsque nous entrons en résonance avec la situation et les sentiments d’une autre personne, avec les émotions qui se manifestent par ses expressions faciales, son regard, le ton de sa voix et son comportement.
La dimension cognitive de l’empathie naît en évoquant mentalement une expérience vécue par autrui, soit en imaginant ce qu’elle ressent et la manière dont son expérience l’affecte, soit en imaginant ce que nous ressentirions à sa place.
L’empathie peut conduire à une motivation altruiste, mais elle peut aussi, quand on se trouve confronté aux souffrances d’autrui, engendrer un sentiment de détresse et d’évitement qui incite à se replier sur soi-même ou à se détourner des souffrances dont on est témoin.
L’empathie cognitive, dénuée d’altruisme, peut même conduire à l’instrumentalisation d’autrui en tirant avantage des informations qu’elle nous procure sur l’état d’esprit et la situation de l’autre. À l’extrême, c’est l’une des caractéristiques des psychopathes.
Les significations attribuées par certains penseurs et différents chercheurs au mot "empathie", ainsi qu’à d’autres concepts proches tels que la sympathie et la compassion, sont multiples et peuvent, de ce fait, aisément prêter à confusion.
Toutefois, les recherches scientifiques menées depuis les années 1970-80, notamment par les psychologues Daniel Batson, Jack Dovidio et Nancy Eisenberg, ainsi que, plus récemment, par les neuroscientifiques Jean Decety et Tania Singer, ont permis de mieux cerner les nuances de ce concept et d’examiner ses liens avec l’altruisme.
Les diverses formes d’empathie
Le psychologue Daniel Batson a montré que les diverses acceptions du mot "empathie" procèdent finalement de deux questions : "Comment puis-je connaître ce que l’autre pense et ressent ?" et : "Quels sont les facteurs qui m’amènent à être concerné par le sort de l’autre et à y répondre avec sollicitude et sensibilité ?" (6)
Batson a recensé huit modalités différentes du terme "empathie", qui sont reliées mais ne constituent pas simplement divers aspects du même phénomène. (7) Après les avoir analysées, il en est venu à la conclusion que seule l’une de ces formes, qu’il nomme "sollicitude empathique", est à la fois nécessaire et suffisante pour engendrer une motivation altruiste. (8)
La première forme, la connaissance de l’état intérieur de l’autre, peut nous fournir des raisons d’éprouver de la sollicitude à son égard, mais n’est ni suffisante ni indispensable pour faire naître une motivation altruiste. On peut en effet être conscient de ce que quelqu’un pense ou ressent, tout en restant indifférent à son sort.
La deuxième forme est l’imitation motrice et neuronale. Preston et de Waal furent les premiers à proposer un modèle théorique pour les mécanismes neuronaux qui sous-tendent l’empathie et la contagion émotionnelle. Selon ces chercheurs, le fait de percevoir quelqu’un dans une situation donnée induit notre système neuronal à adopter un état analogue au sien, ce qui entraîne un mimétisme corporel et facial accompagné de sensations similaires à celles de l’autre. (9) Ce processus d’imitation par observation des comportements physiques est aussi à la base des processus d’apprentissage transmis d’un individu à un autre. Mais ce modèle ne distingue pas clairement l’empathie, dans laquelle on établit sans ambiguïté la différence entre soi et l’autre, d’une simple contagion émotionnelle, dans laquelle nous confondons nos émotions avec celles de l’autre. D’après Batson, ce processus peut contribuer à engendrer des sentiments d’empathie, mais ne suffit pas à les expliquer. En effet, nous n’imitons pas systématiquement les actions des autres : nous réagissons intensément en observant un joueur de foot marquer un but, mais nous ne nous sentons pas forcément enclins à imiter ou à résonner émotionnellement avec quelqu’un qui est en train de ranger ses papiers ou de manger un plat que nous n’aimons pas.
La troisième forme, la résonance émotionnelle, nous permet de ressentir ce que l’autre ressent, que ce sentiment soit de la joie ou de la tristesse. (10) Il nous est impossible de vivre exactement la même expérience que quelqu’un d’autre, mais nous pouvons éprouver des émotions similaires. Rien de tel pour nous mettre de bonne humeur que d’observer un groupe d’amis tout à la joie de se retrouver ; à l’inverse, le spectacle de personnes en proie à une détresse intense nous émeut, voire nous fait venir les larmes aux yeux. Ressentir approximativement le vécu de l’autre peut déclencher une motivation altruiste, mais ici encore, ce type d’émotion n’est ni indispensable ni suffisant. (11) Dans certains cas, le fait de ressentir l’émotion de l’autre risque d’inhiber notre sollicitude. Si, face à une personne terrorisée, nous commençons à ressentir nous aussi de la peur, nous pourrons être davantage concernés par notre propre anxiété que par le sort de l’autre. (12) De plus, pour engendrer une telle motivation, il suffit de prendre conscience de la souffrance de l’autre, sans qu’il soit nécessaire de souffrir soi-même.
La quatrième forme consiste à se projeter intuitivement dans la situation de l’autre. C’est l’expérience à laquelle se référait Théodor Lipps en utilisant le mot Einfühlung. Cependant, pour être concerné par le sort de l’autre, il n’est pas nécessaire de s’imaginer tous les détails de son expérience : il suffit de savoir qu’il souffre. De plus, on risque de se tromper en imaginant ce que l’autre ressent.
La cinquième forme est de se représenter le plus clairement possible les sentiments d’autrui en fonction de ce qu’il vous dit, de ce que vous observez, et de votre connaissance de cette personne, de ses valeurs et de ses aspirations. Toutefois, le simple fait de se représenter ainsi l’état intérieur d’autrui ne garantit pas pour autant l’émergence d’une motivation altruiste. (13) Une personne calculatrice et mal intentionnée peut utiliser la connaissance de votre vécu intérieur pour vous manipuler et vous nuire.
La sixième forme consiste à imaginer ce que nous ressentirions si nous étions à la place d’autrui avec notre propre caractère, nos aspirations et notre vision du monde. Si l’un de vos amis est grand amateur d’opéra ou de rock’n’roll et que vous ne supportez pas ce genre de musique, vous pouvez certes imaginer qu’il ressent du plaisir et vous en réjouir, mais si vous étiez vous-même assis au premier rang, vous n’éprouveriez que de l’irritation. C’est pourquoi George Bernard Shaw écrivait : "Ne faites pas aux autres ce que vous souhaiteriez qu’ils vous fassent, car ils n’ont pas forcément les mêmes goûts que vous."
La septième forme est la détresse empathique que l’on ressent quand on est témoin de la souffrance d’autrui ou qu’on l’évoque. Cette forme d’empathie risque davantage de déboucher sur un comportement d’évitement que sur une attitude altruiste. En effet, il ne s’agit pas là d’une préoccupation pour l’autre, ni de se mettre à la place de l’autre, mais d’une anxiété personnelle déclenchée par l’autre. (14)
Un tel sentiment de détresse n’entraînera pas nécessairement une réaction de sollicitude ni une réponse appropriée à la souffrance de l’autre, surtout si nous pouvons diminuer notre anxiété en détournant notre attention de la douleur qu’il éprouve.
Certaines personnes ne supportent pas de voir les images bouleversantes. Elles préfèrent détourner le regard d’images qui leur font mal, plutôt que de prendre acte de la réalité. Or choisir une échappatoire physique ou psychologique n’est guère utile aux victimes et il vaudrait mieux prendre pleinement conscience des faits et agir en vue d’y remédier.
Lorsque nous sommes principalement préoccupés par nous-mêmes, nous devenons vulnérables à tout ce qui peut nous affecter. Prisonnier de cet état d’esprit, la contemplation égocentrique de la douleur des autres mine notre courage ; elle est ressentie comme un fardeau qui ne fait qu’accroître notre détresse. Dans le cas de la compassion, au contraire, la contemplation altruiste de la souffrance des autres décuple notre vaillance, notre disponibilité et notre détermination à remédier à ces tourments.
S’il advient que la résonance avec la souffrance de l’autre entraîne une détresse personnelle, nous devons rediriger notre attention vers l’autre et raviver notre capacité de bonté et d’amour altruiste.
La huitième forme, la sollicitude empathique, consiste à prendre conscience des besoins d’autrui et à éprouver ensuite un désir sincère de lui venir en aide. Selon Daniel Batson, (15) seule cette sollicitude empathique est une réponse tournée vers l’autre — et non vers soi, — réponse qui est à la fois nécessaire et suffisante pour déboucher sur une motivation altruiste. En effet, face à la détresse d’une personne, l’essentiel est d’adopter l’attitude qui lui apportera le plus grand réconfort et de décider de l’action la plus appropriée pour remédier à ses souffrances. Que vous soyez ou non bouleversé et que vous ressentiez ou non les mêmes émotions qu’elle, est secondaire.
Daniel Batson conclut donc que les six premières formes d’empathie peuvent chacune contribuer à l’engendrement d’une motivation altruiste, mais qu’aucune d’entre elle ne garantit l’émergence d’une telle motivation, pas plus qu’elles n’en constituent les conditions indispensables. La septième, la détresse empathique, va clairement, elle, à l’encontre de l’altruisme. Seule la dernière, la sollicitude empathique, est à la fois nécessaire et suffisante pour faire naître une motivation altruiste en notre esprit et nous inciter à l’action.
Résonances convergentes et divergentes
L’empathie affective consiste donc à entrer en résonance avec les sentiments de l’autre, la joie comme la souffrance. Toutefois, ce processus est déformé par nos propres émotions et nos préjugés qui agissent comme des filtres.
Le psychologue Paul Ekman distingue deux types de résonance affective. (16) La première est la résonance convergente : je souffre quand vous souffrez, j’éprouve de la colère lorsque je vous vois en colère. Si, par exemple, votre femme rentre à la maison dans tous ses états parce que son patron s’est mal comporté avec elle, vous êtes indigné et vous vous exclamez avec colère : "Comment a-t-il pu te traiter de la sorte !"
Dans la résonance divergente, au lieu de ressentir la même émotion que votre femme et de vous mettre en colère, vous prenez du recul et, tout en manifestant votre sollicitude à son égard, vous dites : "Je suis vraiment désolé que tu aies eu affaire à un tel rustre. Que puis-je faire pour toi ? Veux-tu une tasse de thé, ou préfères-tu que nous allions faire une promenade ?" Votre réaction accompagne les émotions de votre femme, mais sur une tonalité émotionnelle différente.
Est-ce que les personnes autistes auraient des attentes différentes dans une situation problématique, où l'homéostasie psychique est perturbée ?
Bon, en tout cas, une difficulté pour pas mal de personnes spectro-autistes est d'exprimer avec du langage non verbal cette empathie, cette sympathie et cette compassion.
Et comme beaucoup de personnes non autistes (mais aussi des personnes spectro-autistes) semblent ressentir la solitude comme une souffrance, elles ressentiront alors une situation de détresse ("Je suis seul(e).", "Il n'y a personne pour m'accompagner." "Il n'y a personne en qui je puis avoir confiance, en qui je puis me confier."). Lui montrer empathie, sympathie ou compassion peut aider la personne à ne pas se sentir seule, à savoir qu'elle peut avoir des aides extérieures. Il y a parfois une carte à jouer (si on l'a piochée) : avoir vécu la même expérience que la personne, et lui raconter celle-ci, ce qu'on a vécu, ressenti (ne pas tout de suite brandir les solutions, mais... attendre que la personne nous demande, d'elle-même, "Et comment tu t'en es sorti(e) ?"). Elle se sentira d'autant moins seule.
À l'inverse, tout de suite lui donner une solution peut lui donner/renforcer un sentiment de honte ("Je suis nul(le). Je n'ai pas trouvé la solution. Lui/elle l'a trouvée."), alors de culpabilité ("J'aurais dû le savoir."). Quand une personne nous fait part de ressentis négatifs, ben, au début, on ne sait pas combien de temps s'est écoulé entre le moment où elle a effectivement eus ces ressentis et le moment où elle nous en parle. On ne sait donc pas si de l'eau a eu le temps de couler sous les ponts, si ses ressentis sont tout frais ou si ça a eu le temps de mijoter, de maturer, de prendre un brin de recul.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
Diagnostiqué autiste en l'été 2014
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Re: Ecouter avec empathie
Il me semble que tu as développé de bonnes bases théoriques.
Tu veux des cobayes ? Forme-toi pour agir dans des cellules psychologiques.
Profite de chaque "occasion", comme si chacune était un "stage".
Bon, ne place pas tout de suite la barre trop haut. Ne commence pas forcément avec des personnes proches de personnes décédées. On peut commencer par soutenir des personnes à qui une autre personne manque (pas par décès, mais par long voyage) alors qu'elle sait où celle-ci est. ["Mon chum vient de partir pour un séjour de trois mois en Suède. Je sais qu'il va bien. Pourtant..."]
Autre truc, faire des expériences de pensées et des rêves lucides. Tu imagines qu'il t'arrive une expérience négative E1. Tu es seul(e). Que ressens-tu ? L'exprimes-tu ? Une personne t'accompagne-t-elle ? Puis tu imagines qu'une personne que tu connais fait cette même expérience négative E1, et elle t'en parle d'une certaine manière. Que fais-tu ? Comment réagit la personne ? Est-ce que ça te semble réaliste ? Tu peux renouveler l'expérience, recommencer le scénario. Cela dit, inspire-toi surtout des expériences réelles (que tu as vécues ou que d'autres personnes ont vécues ; voire que des personnages fictifs ont vécues).
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Diagnostiqué autiste en l'été 2014
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