Conseils et ressources pour l'emploi

Toutes discussions concernant l'autisme et le syndrome d'Asperger, leurs définitions, les méthodes de diagnostic, l'état de la recherche, les nouveautés, etc.
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Jean
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

Message par Jean »

http://www.paris-normandie.fr/detail_ar ... s-autistes

Au Petit-Quevilly, à Seine Innopolis, la start-up Griss embauche et intègre des autistes
Publié le 04/05/2016

Start-up. Griss, jeune pousse installée à la pépinière d’entreprises Seine Innopolis au Petit-Quevilly, a une particularité : ses trois salariés sont ingénieurs et autistes. Une intégration que les deux co-gérants souhaitent développer.

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Adeline Mazier et Simon Beck codirigent l’entreprise Griss (Gestion de ressources informatiques sociale et solidaire) installée depuis octobre 2015 à Seine Innopolis, au Petit-Quevilly. Leur entreprise ressemble à toutes les start-ups, à ceci près que ses trois salariés sont autistes.

Les deux dirigeants se connaissent depuis plusieurs années. Simon Beck travaille depuis une quinzaine d’années « dans le champ de l’autisme. Alors que je travaillais dans l’édition, j’ai rencontré une jeune femme autiste Asperger, cela a été le déclic ».

Une lecture du monde différente

Simon Beck a donc repris ses études pour se spécialiser sur l’autisme. Il a notamment travaillé avec l’association Handisup qui s’occupe de l’insertion professionnelle des étudiants handicapés. Adeline Mazier a suivi, depuis l’origine de son parcours, des études en lien avec le handicap. Après une maîtrise en langue des signes, elle s’est intéressée à l’insertion sociale et professionnelle des personnes souffrant d’un handicap. Les deux parcours se sont croisés à Handisup. « Certains autistes ont des appétences et des compétences particulières pour l’informatique », explique Simon Beck. « Pour d’autres, leur intérêt spécifique peut concerner l’histoire, les langues ou l’édition. Ils sont extrêmement rigoureux et persévérants. »

Assez logiquement, Griss a embauché trois personnes autistes, Jérémie Schwartz, Valentin Bion et Nicolas Courtellemont, tous ingénieurs. L’entreprise Griss a trois activités : « le test de logiciels ou Software testing (rapidité, performance, sécurité, codage...), une activité en forte croissance » ; le nettoyage et la migration de données informatiques pour les entreprises ; et le conseil auprès des entreprises quand elles souhaitent embaucher des personnes autistes. « Entretien d’embauche, conseils aux entreprises, aménagement du poste de travail et suivi des personnes font partie de notre rôle. Les autistes ont une difficulté de communication sociale, ils ne comprennent pas les sous-entendus et s’intéressent à ce qu’ils voient. » En France, selon Adeline Mazier, « 80 % des autistes diplômés - Asperger et autistes de haut-niveau - et à la recherche d’un emploi n’en trouveront jamais. C’est un gâchis économique et c’est très difficile pour les familles ». Or, selon Simon Beck, l’adaptation du monde du travail aux personnes autistes ne demande pas un effort incommensurable. « Les autistes ont une lecture différente du monde, ils en ont aussi une écriture différente. L’autisme est souvent synonyme de problème dans l’esprit des gens, il faut plutôt le voir comme une solution. » Adeline Mazier et Simon Beck ont choisi le modèle économique de la Scop « pour que les salariés, aujourd’hui en CDI, puissent dans l’avenir s’associer à l’entreprise ». À moyen terme, des embauches sont programmées car l’ambition de Griss est de « devenir, à 5 ans, l’entreprise « software testing » reconnue en Normandie ».

PATRICIA BUFFET p.buffet@presse-normande.com
Griss, Seine Innopolis, Petit-Quevilly, contact au 02 35 76 47 52 ou http://www.griss.tech
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Jean
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

Message par Jean »

Recueilli par Christine Legrand, le 19/05/2016 - La Croix
À l’occasion de la conférence nationale du handicap qui se tient jeudi 19 mai, Josef Schovanec fait le point sur l’insertion professionnelle des adultes autistes, sujet sur lequel une mission vient de lui être confiée par le ministère de la santé

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Josef Schovanec, philosophe et « personne avec autisme »

La Croix : Ségolène Neuville, secrétaire d’État en charge du handicap, vient de vous confier une mission sur les adultes autistes, plus particulièrement sur leur avenir professionnel. Quels constats faites-vous sur la situation actuelle ?

Josef Schovanec : Pour le dire de façon très brutale, elle est hélas désastreuse. Parmi mes amis adultes, très rares sont ceux qui ont un emploi. C’est un gâchis terrible de compétences, mais aussi de vies. Cette situation est encore plus regrettable quand on la compare à celle d’autres pays. Parmi mes amis québécois par exemple, la plupart ont un emploi, parfois passionnant. Plusieurs travaillent comme traducteurs – un métier qu’ils peuvent exercer depuis chez eux, l’une est assistante sociale, un autre est un dessinateur de BD génialement doué… Il est vraiment dommage de se passer de ces talents.

Pourquoi la France accuse-t-elle dans ce domaine tant de retard ?

J. S. : Il y a de multiples raisons, mais j’en citerai trois principales. La première est la méconnaissance générale de l’autisme en France et la peur que cette ignorance engendre, qui fait que les entreprises n’osent pas recruter des gens qui ont le label « autiste ».

La seconde tient au fait que toutes les institutions destinées à l’emploi des personnes handicapées n’ont pas pris conscience de la question de l’autisme : si vous êtes aveugle ou en fauteuil roulant, vous avez accès à certaines solutions, pas si vous êtes autiste.

Enfin, le monde associatif n’a pas suffisamment pris au sérieux la question de l’emploi des adultes. La situation est tellement catastrophique en France qu’on s’est focalisé sur le diagnostic et la scolarisation, qui sont certes très importants, mais la question des adultes a été oubliée.

Quelles propositions comptez-vous faire pour améliorer la situation ?

J. S. : Je ne veux pas tout dévoiler. Mais une chose me paraît incontournable : il faut faire du « job coaching » (un accompagnement vers l’emploi). Et il serait très utile que cette solution soit accessible aux personnes autistes de tous les départements et de tous les milieux sociaux, et non pas réservé à une petite élite. Car selon la fortune des parents en France, les destins des personnes autistes sont très différents.

Vous êtes autiste Asperger, et on vous dit souvent que toutes les personnes autistes n’ont pas le même niveau. Que répondez-vous à cela ?

J. S. : Ma réponse est relativement simple : je n’ai jusque-là jamais rencontré de personnes autistes dépourvues de compétences. Mais chacune a des compétences différentes. Et toutes formes d’emploi sont possibles. Ceux qui permettent un contact avec des animaux par exemple – à titre personnel, j’aurais aimé explorer des métiers traditionnels comme celui de berger. Ou des métiers qu’on peut apprendre par le compagnonnage.

Chaque personne a un projet de vie qu’il faut suivre. Naturellement, plus la prise en compte de la personne est précoce, mieux sera son parcours de vie. Et l’on peut espérer qu’à l’avenir, on aura des générations de personnes autistes qui n’auront pas connu les horreurs du passé.

Le fait qu’on vous ait confié cette mission est le signe qu’une évolution est en marche ?

J. S. : C’est un très grand signe d’évolution, inimaginable il y a peu. Très rares sont les conseillers ministériels à être porteurs de handicap. Le simple fait que ce soit envisageable change la donne. Rien que pour le symbole, c’est très important.

Recueilli par Christine Legrand
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Benoit
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Message par Benoit »

Quelles propositions comptez-vous faire pour améliorer la situation ?

J. S. : Je ne veux pas tout dévoiler. Mais une chose me paraît incontournable : il faut faire du « job coaching » (un accompagnement vers l’emploi). Et il serait très utile que cette solution soit accessible aux personnes autistes de tous les départements et de tous les milieux sociaux, et non pas réservé à une petite élite. Car selon la fortune des parents en France, les destins des personnes autistes sont très différents.
:evil:
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Zengali
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

Message par Zengali »

Benoit a écrit :
Quelles propositions comptez-vous faire pour améliorer la situation ?

J. S. : Je ne veux pas tout dévoiler. Mais une chose me paraît incontournable : il faut faire du « job coaching » (un accompagnement vers l’emploi). Et il serait très utile que cette solution soit accessible aux personnes autistes de tous les départements et de tous les milieux sociaux, et non pas réservé à une petite élite. Car selon la fortune des parents en France, les destins des personnes autistes sont très différents.
:evil:
Benoit peux-tu développer ce petit smiley en colère? S'il te plaît?
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

Message par Benoit »

J'ai été coaché.
Plusieurs années de suite.
Par quelqu'un qui connait le domaine (parent d'une Aspie).
Il y a des pages et des pages sur le sujet sur le forum.
Un exemple de compte rendu hallucinant.
Maintenant je "forme" des job coachs (en tant que représentant régional des autistes).

Le résumé.

En gros, tant que les job coach n'auront pas l'obligation formelle de prendre en compte le "projet de vie" d'une personne autiste, ça ne servira strictement à rien. Et jamais on ne pourra enforcer cette obligation.

(Accessoirement j'estime ne faire absolument pas partie d'une quelconque "élite", ma famille non plus et le coaching ne m'a pas coûté un centimes).
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Zengali
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Message par Zengali »

Merci car je ne savais pas à quelle partie du propos tu faisais allusion. Je comprends mieux. :wink:
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

Message par FloretteRanou »

Un nouveau livre est sorti le sujet de l'autisme et de l'égalité dans le milieu du travail (en Anglais) :
https://www.amazon.co.uk/Autism-Equalit ... 1849056781
Diagnostiquée TSA sévérité 1 / syndrome d'Asperger par le CRA de Brest en 2017
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Message par Benoit »

En reconnaissance de son combat pour sa propre (re) integration, le Dr Le Blanc dont il a plusieurs fois ete question ici vient de recevoir une distinction;
http://www.agidd.org/respect-des-droits ... onteregie/

Un (tres) bon post de blog au passage sur la question ;
https://irmazoulane.wordpress.com/2016/ ... a-societe/

Tout le monde aura compris que ca se passe dans un pays qui n;est pas a l'age de pierre pour la question des adultes en position de travailler.
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FloretteRanou
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Message par FloretteRanou »

Contente pour lui :bravo:
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Message par Jean »

A Toulouse, une boutique où les autistes peuvent "s'entraîner au monde du travail"
L'idée est née du manque de structures où des adultes atteints de troubles autistiques pourraient avoir un premier contact avec le monde du travail. Ouverte en décembre 2015, une boutique de loisirs toulousaine emploie une dizaine de personnes en situation de handicap pour les aider à se lancer.

Par Laurence Boffet Publié le 04 juin 2016

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Une dizaine d'adultes atteints de troubles autistiques ou en situation de handicap se relaient dans cette boutique toulousaine.

Installée depuis décembre 2015 dans le quartier des Minimes à Toulouse, cette boutique est la seule du genre en France. On y vend des jeux de société et des livres comme dans beaucoup d'autres magasins mais ici, une partie du personnel est en situation de handicap ou est atteinte de troubles de l'autisme. Elle a été créée par l'association toulousaine InPACTS pour aider ces adultes souvent exclus du monde professionnel à y trouver leur place.

Accompagnés par des éducateurs, ils y apprennent à vaincre leurs troubles de la communication, vaincre la pression des rapports sociaux, interragir avec des clients ou leurs collègues, utiliser leurs compétences et en acquérir de nouvelles. Un premier pas dans le monde du travail.

Voyez le reportage de Karine Pellat et Jack Levé : http://france3-regions.francetvinfo.fr/ ... 15029.html
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Message par Benoit »

Il faut que je prévienne Sébastien qu'il est passé a la TV...
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

Message par Jean »

«95% des autistes pourraient s'insérer dans le monde du travail»
Propos recueillis par Céline Boff
20 minutes - Publié le 06.06.2016

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Josef Schovanec, philosophe, chroniqueur sur Europe 1, militant et autiste. - BALTEL/LAMACHERE AURELIE/SIPA
INTERVIEW Le philosophe et militant Josef Schovanec, autiste, prépare pour le gouvernement un rapport sur l’insertion professionnelle des personnes autistes…

C’est une petite révolution. Le cabinet de conseil informatique Auticonsult est la première entreprise française à recruter quasi exclusivement des personnes atteintes de « troubles du spectre autistique ». En d’autres termes, d’autisme. Jusqu’à présent, seule une poignée d’associations se battaient pour l’emploi de ces personnes. Les autistes peuvent-ils être des salariés comme les autres ? 20 Minutes a posé la question au philosophe et chroniqueur (sur Europe 1) Josef Schovanec , lui-même autiste.

Comment expliquez-vous qu’en France, moins de 1 % des adultes atteints de troubles du spectre autistique travaillent ?
Les raisons sont nombreuses mais elles peuvent être résumées en trois points. Primo, l’autocensure. Les personnes autistes ont une si mauvaise image d’elles-mêmes que la plupart d’entre elles n’osent même pas déposer de candidatures. Il faut dire que la formulation des annonces ne les aide pas : la quasi-totalité met en avant la nécessité de bénéficier d’un bon sens relationnel, ce dont manquent justement les personnes autistes… Secundo, si l’autisme n’est pas une maladie, il est un handicap. Or les structures censées favoriser l’emploi des personnes handicapées, à commencer par l’Agefiph , ignorent totalement l’autisme. Enfin, les entreprises n’ont ni la volonté, ni les compétences pour recruter une personne autiste. Du moins en France, car ce n’est pas forcément le cas ailleurs.

Quels sont les pays plus avancés en termes d’emploi des personnes autistes ?
L’Allemagne, le Canada , Israël – pays où les entreprises se battent, et c’est vraiment le terme, pour recruter des autistes – ou encore les Etats-Unis. Alors qu’en France, les personnes atteintes de troubles du spectre autistique ont pour perspective au mieux l’hôpital psychiatrique, au pire la rue, elles ont accès à des emplois ultra-spécialisés outre-Atlantique. A votre avis, pourquoi Facebook a-t-il un logo bleu ? Parce que c’est la couleur de l’autisme ! Mark Zuckerberg fait partie de notre club, comme Bill Gates et comme la plupart des ingénieurs de la Silicon valley. Vous voyez : notre marginalité peut être profitable à la société. D’ailleurs, j’ai traduit en français l’ouvrage américain L’autisme pour les nuls et j’ai été contraint de supprimer tout un chapitre, celui intitulé « Comment gérer sa fortune ? ». Il aurait été provocant de le conserver en France, pays où la quasi-totalité des autistes vivent du RSA.

Fin avril, Ségolène Neuville, la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, vous a commandé un rapport sur l’insertion professionnelle des autistes. Quelle est votre mission exactement ?
Je dois rendre d’ici à la fin de l’année des propositions claires pour favoriser l’emploi des personnes autistes, ce qui passe forcément par leur accès au logement ou au permis de conduire. L’objectif est d’inclure un certain nombre de ces propositions dans le prochain plan autisme, alors que le plan actuel comprend très peu de mesures pour les autistes adultes.

Qu’allez-vous proposer ?
Ce qui me semble indispensable, c’est de mettre en place un « job coaching ». Pour s’insérer, les personnes autistes doivent être accompagnées, tout comme les entreprises. C’est un point essentiel qui nécessite de la prudence et de la vigilance : il ne faudrait pas que ce coaching tombe aux mains de petites officines privées douteuses… En tout cas, avec une bonne formation initiale et un bon coaching, je suis certain que plus de 95 % des personnes autistes pourraient trouver leur place dans le monde du travail. Elles pourraient exercer tous les types de métiers… A l’exception peut-être du marketing [sourire] ! Mais, comme je le disais, une bonne formation initiale est cruciale. Or, l’autisme est encore très mal appréhendé : 80 % des 400.000 adultes atteints ont été diagnostiqués ces deux dernières années.
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

Message par Jean »

Comment les autistes Asperger perçoivent-ils notre monde du travail?
Céline Boff
20 mn - Publié le 06.06.2016
Image
Les collègues qui font du bruit sont la deuxième incivilité la moins bien supportée par les jeunes salariés. - Mood Board / Rex Featur/REX/SIPA

TRAVAIL « 20 Minutes » a demandé à trois autistes Asperger de se confier sur leurs parcours professionnels. L’occasion de voir notre monde du travail avec un regard neuf…

« Je vois enfin le bout du tunnel. » S’il réussit l’ultime test – une formation de 15 jours qui débute ce lundi –, Alexandre, 25 ans, signera son premier CDI. Une intégration rare pour un autiste : en France, moins de 1 % des 400.000 adultes présentant un « trouble du spectre autistique » travaillent.

Nombre d’entre eux sont pourtant dotés d’une intelligence normale et présentent même des compétences hors du commun. Et pour cause : « Les autistes ont des centres d’intérêt très restreints auxquels ils consacrent tout leur temps. Ils deviennent donc des experts dans ces domaines. Par exemple en informatique, où leur capacité de concentration et leur sens du détail leur permettent de repérer rapidement des erreurs dans des schémas complexes », détaille Flora Thiébaut, cofondatrice d’ Auticonsult, l’entreprise de service informatique(1) qui s’apprête à recruter Alexandre.

Lui est plus précisément atteint du syndrome d’Asperger. A première vue, impossible de le deviner : Alexandre se tient et s’exprime « normalement ». Il perçoit pourtant le monde d’une manière radicalement différente des « neurotypiques », le nom donné par les autistes aux non-autistes. « Nous ne parvenons pas à visualiser un ensemble, nous nous focalisons sur les détails », nous explique-t-il.

« Je ne sais jamais ce que l’autre pense »


Pour tenter de comprendre, nous lui demandons ce qu’il voit dans cette pièce des locaux de 20 Minutes où nous nous rencontrons. « Les gonds de la porte ! », répond-il tout de go. « Il y a en a quatre, mais deux sont plus rapprochés. Je me demandais pourquoi ». Maintenant que nous les regardons, ça saute aux yeux : les gonds sont effectivement disposés d’une manière étrange. Nous ne l’avions jamais remarqué…

Alexandre a travaillé seulement trois mois dans sa vie – un poste de laborantin en CDD. Sa mission était d’analyser des échantillons. « A force d’appliquer le mode opératoire, j’ai trouvé le moyen d’accroître le rendement tout en préservant le même niveau de qualité. Mais cela n’a pas réjoui mon chef. Au contraire : quand il l’a découvert, il a été très en colère, m’accusant de me croire supérieur. Mais moi, je voulais juste que nous soyons plus productifs… Je n’ai jamais compris sa réaction ».

Alexandre n’a jamais retrouvé de travail. Il a pourtant envoyé des CV « partout ». « J’ai sans doute dit des choses qu’il ne fallait pas… Je n’en sais rien : je ne sais jamais ce que l’autre pense ». Cette impossibilité à se projeter dans la tête de l’autre, à décrypter ses attentes, ses émotions, ses intentions, ses sous-entendus, est l’une des caractéristiques des autistes. Leur incapacité à mentir en est une autre. Et ce sont là, selon Flora Thiébaut, leurs principaux handicaps à l’intégration dans le monde professionnel.
« Un autiste va dire ce qu’il pense et non ce qu’il pense que l’autre veut entendre », résume-t-elle. Elle raconte cette anecdote de recrutement, lorsqu’elle demande à l’un des candidats s’il a déjà travaillé dans la programmation informatique et que celui-ci lui répond : « Non ». « Il n’a pas ajouté, par exemple, qu’il s’y intéressait… Il s’est contenté de répondre à la question sans chercher à "enjoliver" cette réponse », sourit-elle.

« Je me suis constitué un répertoire de répliques »


Enjoliver un échange est un concept incompréhensible pour un autiste. La plupart des codes sociaux n’ont donc aucun sens pour eux. Comme le fait de saluer quelqu’un. « J’ai dû apprendre cette règle de dire "bonjour" à l’autre comme si j’apprenais une formule mathématique, en la répétant, encore et encore », confie Alexandre. « Dire "bonjour" ne permet ni de donner, ni de demander une information. Cela ne sert à rien… Mais les neurotypiques aiment le dire, alors nous essayons de penser à le dire aussi », explique Josef Schovanec, l’un des plus célèbres autistes français, qui tient notamment une chronique de voyages sur Europe 1.
Et d’ajouter : « Nous passons notre vie à apprendre à vous singer. Par exemple au travail, nous nous forçons à demander à nos collègues comment ils vont, en sachant qu’ils répondront toujours "ça va". Nous le faisons, même si nous continuons de trouver cela étrange… Vous posez des questions sans vouloir entendre les véritables réponses : mais pourquoi faites-vous cela ? ».
Grégory (2), 29 ans, juriste français expatrié aux Etats-Unis, est lui aussi dans « l’imitation systématique ». Depuis l’enfance, il observe les interactions entre les neurotypiques et apprend par cœur leurs questions et leurs réponses. « Je me suis constitué un répertoire de répliques mais parfois, je les sors au mauvais moment… Comme je ne ressens pas ce qu’il faut dire, je suis obligé d’intellectualiser chaque échange ».

Ce qui exige beaucoup de pratique : « Lors de mon récent séjour à Paris, une personne dans le métro m’a dit "pardon". Cela m’a plongé dans un état de confusion car je me suis souvenu qu’il existait plusieurs formes de "pardon". La personne pouvait vouloir s’excuser ou au contraire me signifier que je la dérangeais… Mais j’avais oublié comment décrypter le ton du "pardon" et je ne savais plus comment réagir ».

C’est pour cette raison que Grégory aime travailler aux Etats-Unis : « La langue anglaise est concrète, directe, alors que la langue française est truffée d’implicites, de nuances… ». Tout n’est pas pour autant parfait au pays de l’oncle Sam : « La méchanceté est universelle », se désole-t-il. « Si je suis malmené, je n’ai aucune répartie : comme les autistes ne sont pas dans le jugement, nous ne trouvons pas les éléments nous permettant de dégrader l’autre ».

Ils peuvent cependant blesser cet autre sans le vouloir – leur perfectionnisme couplé à leur honnêteté les poussera par exemple à faire remarquer à un collègue ayant travaillé toute la nuit sur un rapport que ce dernier comporte 1.423 fautes d’orthographe.
Les autistes doivent également gérer leur hypersensibilité sensorielle. Pour Grégory, le plus dur, c’est le bruit. Et travailler en open space, « c’est comme écrire une dissertation au milieu d’un chantier de 100 personnes ».
« Notre marginalité peut-être profitable à la société »


Josef Schovanec estime normal d’apprendre les codes des neurotypiques. Mais il aimerait bien que les neurotypiques apprennent ceux des autistes. « En France, l’autisme touche 1 % de la population, ce n’est pas rien ! ». Ce globe-trotter qui parle 13 langues dont six couramment cite l’exemple de Tel-Aviv, où « le moindre agent aéroportuaire sait comment reconnaître un autiste et comment lui parler. Mais en Israël, les entreprises se battent – et c’est vraiment le terme – pour recruter des autistes ».
Ce qui les séduit ? Leur perfectionnisme, leur force de travail et surtout, leur regard différent. Illustration avec cette petite fille autiste à qui l’on demande quel est le pluriel d’« arbre » et qui écrit « forêt ». « Nous pouvons trouver des solutions que vous n’aurez jamais vues. Je crois que c’est ce que nous pouvons apporter de mieux au monde de l’entreprise », dit Alexandre.
Et c’est déjà ce qu’outre-Atlantique, les autistes font, comme le rappelle Josef Schovanec : « A votre avis, pourquoi Facebook a-t-il un logo bleu ? Parce que c’est la couleur de l’autisme ! Mark Zuckerberg fait partie de notre club, comme Bill Gates et comme la plupart des ingénieurs de la Silicon valley. Vous voyez : notre marginalité peut être profitable à la société ». La Silicon valley prouve qu’elle peut même en définir les nouvelles interactions sociales.

(1) Filiale d’une entreprise allemande, Auticonsult est la première entreprise française à employer exclusivement des personnes avec autisme en tant que consultants en informatique.
(2) Prénom d’emprunt.


Sur Auticonsult : http://forum.asperansa.org/viewtopic.ph ... 13#p264913
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Message par phi »

De petites rectifications :
Dans le cas d'Alexandre, le CDI ne sera signé qu'après un CDD de 1 an.
3 mars 2016, Dr L : "Je n'ai aucun doute sur le fait que vous soyez autiste"
22 juillet 2016, diag effectué. TSA-SDI \o/
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Message par Benoit »

Jean a écrit :«95% des autistes pourraient s'insérer dans le monde du travail»
Propos recueillis par Céline Boff
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INTERVIEW Le philosophe et militant Josef Schovanec, autiste, prépare pour le gouvernement un rapport sur l’insertion professionnelle des personnes autistes…

C’est une petite révolution. Le cabinet de conseil informatique Auticonsult est la première entreprise française à recruter quasi exclusivement des personnes atteintes de « troubles du spectre autistique ». En d’autres termes, d’autisme. Jusqu’à présent, seule une poignée d’associations se battaient pour l’emploi de ces personnes. Les autistes peuvent-ils être des salariés comme les autres ? 20 Minutes a posé la question au philosophe et chroniqueur (sur Europe 1) Josef Schovanec , lui-même autiste.

Comment expliquez-vous qu’en France, moins de 1 % des adultes atteints de troubles du spectre autistique travaillent ?
Les raisons sont nombreuses mais elles peuvent être résumées en trois points. Primo, l’autocensure. Les personnes autistes ont une si mauvaise image d’elles-mêmes que la plupart d’entre elles n’osent même pas déposer de candidatures. Il faut dire que la formulation des annonces ne les aide pas : la quasi-totalité met en avant la nécessité de bénéficier d’un bon sens relationnel, ce dont manquent justement les personnes autistes… Secundo, si l’autisme n’est pas une maladie, il est un handicap. Or les structures censées favoriser l’emploi des personnes handicapées, à commencer par l’Agefiph , ignorent totalement l’autisme. Enfin, les entreprises n’ont ni la volonté, ni les compétences pour recruter une personne autiste. Du moins en France, car ce n’est pas forcément le cas ailleurs.

Quels sont les pays plus avancés en termes d’emploi des personnes autistes ?
L’Allemagne, le Canada , Israël – pays où les entreprises se battent, et c’est vraiment le terme, pour recruter des autistes – ou encore les Etats-Unis. Alors qu’en France, les personnes atteintes de troubles du spectre autistique ont pour perspective au mieux l’hôpital psychiatrique, au pire la rue, elles ont accès à des emplois ultra-spécialisés outre-Atlantique. A votre avis, pourquoi Facebook a-t-il un logo bleu ? Parce que c’est la couleur de l’autisme ! Mark Zuckerberg fait partie de notre club, comme Bill Gates et comme la plupart des ingénieurs de la Silicon valley. Vous voyez : notre marginalité peut être profitable à la société. D’ailleurs, j’ai traduit en français l’ouvrage américain L’autisme pour les nuls et j’ai été contraint de supprimer tout un chapitre, celui intitulé « Comment gérer sa fortune ? ». Il aurait été provocant de le conserver en France, pays où la quasi-totalité des autistes vivent du RSA.

Fin avril, Ségolène Neuville, la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, vous a commandé un rapport sur l’insertion professionnelle des autistes. Quelle est votre mission exactement ?
Je dois rendre d’ici à la fin de l’année des propositions claires pour favoriser l’emploi des personnes autistes, ce qui passe forcément par leur accès au logement ou au permis de conduire. L’objectif est d’inclure un certain nombre de ces propositions dans le prochain plan autisme, alors que le plan actuel comprend très peu de mesures pour les autistes adultes.

Qu’allez-vous proposer ?
Ce qui me semble indispensable, c’est de mettre en place un « job coaching ». Pour s’insérer, les personnes autistes doivent être accompagnées, tout comme les entreprises. C’est un point essentiel qui nécessite de la prudence et de la vigilance : il ne faudrait pas que ce coaching tombe aux mains de petites officines privées douteuses… En tout cas, avec une bonne formation initiale et un bon coaching, je suis certain que plus de 95 % des personnes autistes pourraient trouver leur place dans le monde du travail. Elles pourraient exercer tous les types de métiers… A l’exception peut-être du marketing [sourire] ! Mais, comme je le disais, une bonne formation initiale est cruciale. Or, l’autisme est encore très mal appréhendé : 80 % des 400.000 adultes atteints ont été diagnostiqués ces deux dernières années.
lolno.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)

話したい誰かがいるってしあわせだ

Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.