Voilà une question qui me tourmente depuis des années... Hier soir, j'ai lu ce topic et ça m'a remué, pas bien dormi cette nuit..
Je vous préviens, il va y en avoir une sacrée tartinade :
Sentiments et manque de sentiments...
Vis à vis des personnes, je sais que depuis toute petite, il y a un buzz...J'ai toujours eu très peu d'amis véritables avec qui j'ai ressenti un attachement très profond mais surtout rencontré des connaissances avec lesquels j'entretiens des relations superficielles.
Du CP jusqu'en 4ème, nada, peau de balle : j'ai passé mon temps à lire et à dessiner. Les autres me voyaient "comme un robot au visage impassible" (ce sont les mots d'une camarade de classe). Les boums, les parties, pas pour moi, on ne m'invitait jamais mais j'en mourrai d'envie
A l'adolescence, j'ai eu une seule amie que j'adorai. Les autres qui venaient se greffer autour de nous comptaient moins, même si j'appréciais leur compagnie.
Je n'ai jamais entretenu de correspondances suivies même si j'apprécie mes interlocuteurs, je dois parfois me forcer à répondre à des mails et encore il faut me relancer sans cesse sinon, je ne fonctionne pas.
Dans ma famille, j'ai peu d'attaches avec mon frère que j'aime beaucoup, pratiquement aucune avec ma soeur, je peux être "vide".
Un exemple terrible :
J'ai gardé régulièrement mon petit neveu de 4 ans, un sacré bonhomme, très intelligent et curieux de tout. Mais quand je ne le voyais pas pendant des semaines, il ne me manquait pas, ma soeur me l'a vivement reproché. Elle a déménagé aec sa famille à l'autre bout de la France..Ok, c'est comme ça, ils ne me manquent pas. C'est pourtant ma chair et mon sang. Je sais cependant que j'aurai une grande joie à revoir Antoine quand il sera sur Dijon.
C'est comme si je lisais un livre, c'est une histoire, peuplée de personnages souvent sympatiques. Ils s'en vont, je referme le bouquin MAIS j'y met un marque-page mental. Lorsque je vais de nouveau rencontrer famille ou amis en vrai, je vais rouvrir le livre à la même page puisque je l'ai marquée. mais en attendant, le livre repose dans la bibliothèque de mon esprit.
Pour l"instant, j'ai une soeur de coeur, rencontrée sur le net, et chez qui je vais régulièrement, voir sa petite famille qui est devenue un peu la mienne, la seule personne qui puisse me serrer dans ses bras, et dans lesquels je me sens bien, en sécurité. En 2 ans, elle m'a ouvert sur beaucoup de choses, de sentiments, elle accepte mes bizarreries, elle est d'une tolérance..woww....
C'est parfois plus fort qu'avec ma propre maman, c'est lamentable à dire...et pourtant je l'aime beaucoup, ma vieille maman, mais j'ai tellement de mal à me sentir décontractée quand elle veut me serrer dans ses bras. Je serai une planche en bois, ce serait kif-kif...ca sera une victoire le jour où je serai assez ouverte pour le faire.
Je n'ai pleuré ni pour l'enterrement de ma grand-mère pour qui j'avais de l'affection, ni celui de mon grand-père, alors que j'ai versé toutes les larmes de mon coeur pour le décès de mes chats.
Et curieusement, j'éprouve de la joie, de la peine, la musique, le dessin, la photographie peuvent me faire ressentir des choses merveilleuses, un bon film quand je suis "ancrée" me fait frémir, mes chats, les animaux, les couleurs de l'automne me remplissent de joie...mais avec mes congénères humains, c'est plus problématique...
Il y a toujours cette boule ou ce mur de verre qui empêchent les sentiments de passer...
Toute à l'heure, j'ai discuté sur un banc avec ma mère, en attendant le bus. pendant qu'elle parlait, je pouvais presque voir ce mur invisible entre nous. Si je devais décrire ce mur, il serait comme la vapeur qui s'échappe du bitume en été, on le devine, il est palpable, il semble si fin à traverser, un doigt pourrait le crever mais c'est une illusion : en réalité, malgré sa transparence, il est épais et plus solide que du béton.