Je me rends compte que j'ai un super travail de "déculpabilisation" à faire auprès de Maël..
Il y a quelques jours nous révisions ses leçons de grammaire, dont une qui traitait des phrases simples et complexes. L'institutrice citait des exemples, dont celui-ci pour la "phrase simple": "Le berger surveille son troupeau de moutons". Et le commentaire adjuvant était " La phrase simple contient un seul verbe". Ensuite suivaient d'autres exemples, du même type (un seul verbe, une seule proposition)...Je voyais bien que Maël avait l'air interloqué.
Il me dit "je n'ose pas trop te demander, mais ce ne sont peut être pas des phrases simples" (les exemples suivants). Devant mon étonnement, il me montre le premier exemple (le berger) et l'air interrogatif et peu sûr de lui avance: "Il est dit qu'il n'y a que le verbe surveiller qui puisse être dans une phrase simple. Regarde, c'est précisé - elle contient un seul verbe-". Beaucoup de gens auraient pu prendre cette remarque pour de l'humour (et ce n'en était pas). Je pense que nous prenons souvent à tort les remarques de nos enfants pour de l'humour...Maël a vite fait de faire croire aux autres qu'il a dit une "blague" quand quelque chose qui pour lui est une vraie source d'interrogation fait rire tout le monde (après remarque incongrue-pour les autres- de sa part). Surtout quand il doit essuyer des vacheries de ses frères du genre "mais qu'est ce que tu es bête!" ou "tu fais exprès" ou encore "il fait son intéressant" ou "espèce d'idiot" , ou "il est trop "goek" (mot inventé par l'ainé) Maël!" (et le grand et le petit de pouffer de rire) et j'en passe. Et encore, Elouan et Pierre-Marie malgré leurs remarques ont beaucoup d'affection pour leur frère, ce qui ne sera pas forcément le cas à l'extérieur du cercle familial.
Il sait qu'avec moi il peut demander ce qu'il veut, que je ne me moquerai pas de lui. Je pense que la crainte des moqueries est un vrai frein au développement, dans la mesure ou il n'ose pas s'exprimer et dire ce qu'il ne comprend pas, mais quoi faire? J'essaie de le déculpabiliser, en lui disant "n'hésite pas à demander si tu n'es pas sûr", de plus les enfants de sa classe savent très bien qu'il est autiste, sans doute y a t il un travail à faire auprès de l'enseignante pour qu'elle le leur redise également...
Je me rends compte à quel point la vie doit être compliquée pour Maël. Je comprends pourquoi il me dit "souvent je ne comprends pas".
Emma.
Compréhension et culpabilité...
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Compréhension et culpabilité...
Modifié en dernier par Emma le mercredi 6 février 2008 à 1:49, modifié 1 fois.
Maman d'Elouan (asperger), 13 ans, Maël (autiste de haut niveau) 11 ans et Pierre-Marie, 9 ans.
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Ah que c'est difficile Emma!! Les mots de ses freres (meme le Goek,inventé) font du mal a Mael, mais ils emploient surement les memes envers leurs copains a l'ecole. Mais c'est sur que Mael croit vraiment etre "bete" ou "nul" ou "espece d'idiot" sans voir que c'est une langage "normale" entre jeunes. Et Mael, comme toutes nos enfants, recule, se retire "a donf". J'ai compris ce que ca peut faire mal, non pas avec Loic, mais avec sa soeur, qui avait un petit copain qui disait toujours "t'es nulle". A force elle l'a crue, et ca a terminé dans un bain de sang!!!
J'ai essayé de faire comprendre aussi a Loic les us de langage moderne, mais un peu comme la verbe "surveiller", chaque example ne se resemble pas.
heureusement mes deux aussi savent que je ne me moque pas d'eux, et ils peuvent tout demander, meme ce qui semble "bete".
Je vois souvent avec Loic un vrai recul, isolement qui sort en agression envers nous, des fois il faut longtemps, beaucoup de discussion, reflexion pour savoir le declencheur, mais le plupart du temps c'est un "incompris" de sa part qu'il faut expliquer tout en sachant que dans une situation quasi identique il aura encore le meme reaction.
Courage Emma,
J'ai essayé de faire comprendre aussi a Loic les us de langage moderne, mais un peu comme la verbe "surveiller", chaque example ne se resemble pas.
heureusement mes deux aussi savent que je ne me moque pas d'eux, et ils peuvent tout demander, meme ce qui semble "bete".
Je vois souvent avec Loic un vrai recul, isolement qui sort en agression envers nous, des fois il faut longtemps, beaucoup de discussion, reflexion pour savoir le declencheur, mais le plupart du temps c'est un "incompris" de sa part qu'il faut expliquer tout en sachant que dans une situation quasi identique il aura encore le meme reaction.
Courage Emma,
Suzanne, la vieille qui blatere, maman de Loic 29 ans
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j'ai relu plusieurs fois ton message pour bien le comprendre. Nous en avons discuté en famille ensuite.
Je ne vois pas grand chose à ajouter à ta description : les NT trouvent effectivement çà drôle, parce qu'ils ne réalisent pas le chemin inconscient qu'ils suivent pour arriver à la compréhension d'un énoncé.
Je comprends que la crainte des moqueries va le paralyser souvent. Il faut qu'il trouve un terrain de confiance pour l'exprimer.
Je suis en train de lire "L'enfer de l'information ordinaire" de Christian Morel. Dans les premiers chapitres, il décrit les ambigüités des boutons, des schémas, modes d'emploi, etc... Cela me fait réfléchir sur la fiabilité des informations diffusées. Une fois qu'on a réalisé l'imperfection des communications faites, on est moins arrogant !
Il me semble donc que ce n'est pas à Maël de faire un "progrès", mais à nous de comprendre que notre mode d'expression n'est pas simple.
Je ne vois pas grand chose à ajouter à ta description : les NT trouvent effectivement çà drôle, parce qu'ils ne réalisent pas le chemin inconscient qu'ils suivent pour arriver à la compréhension d'un énoncé.
Je comprends que la crainte des moqueries va le paralyser souvent. Il faut qu'il trouve un terrain de confiance pour l'exprimer.
Je suis en train de lire "L'enfer de l'information ordinaire" de Christian Morel. Dans les premiers chapitres, il décrit les ambigüités des boutons, des schémas, modes d'emploi, etc... Cela me fait réfléchir sur la fiabilité des informations diffusées. Une fois qu'on a réalisé l'imperfection des communications faites, on est moins arrogant !
Il me semble donc que ce n'est pas à Maël de faire un "progrès", mais à nous de comprendre que notre mode d'expression n'est pas simple.