[Doc] À ciel ouvert (Marianne Otero)

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Betta splendens
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par Betta splendens »

Anty28 a écrit : Je ne sais pas ce qu'il en est maintenant, mais à l'époque où le SA était encore dans le DSM, il était incompatible avec un diagnostic de schizophrénie je crois bien... Bref, attention à ne pas trop dévier du sujet.
C'est pas la première fois que je lit cela et je pense que c'est une erreur de lecture/interprétation des critères de diag en faite.
Le trouble ne répond pas aux critères d'un autre trouble envahissant du développement spécifique, ni à ceux d'une schizophrénie.

Car moi ce que j'ai compris c'est que pour que le diag de SA soit posé il faut en faite que les critères observés soit bien spécifiques à celui d'un autisme et pas de la schizophrénie (mieux expliqués par l'autisme).

exemple: le replie sur soit, depuis la petite enfance, ceci est bien un comportement autistique (depuis la naissance) et pas schizophrénique (depuis l'adolescence) donc se critère valide le SA, pas le second trouble.
Mais ceci n’empêche pas des symptômes schizophréniques d’apparaître plus tard (une petite voie dans la tête par exemple) qui eux ne peuvent pas être expliquer pas le SA.

(je sais pas si je suis très claire ,mais bon)

Mais il faut reconnaître que pour une personne ayant des difficultés de communications c'est difficile de savoir si elle a bien des hallucinations ou pas.

exemple: pour la petite Alyssone du film quand elle dit (en ayant l'aire abattue) "j'ai des mots"réponse "qu'est ce qu'ils disent?" réponse (Alyssone) "sexe".

Est ce qu'elle entend vraiment une voix dans la tête qui lui dit les mots sexe, ou est ce que qu'elle se répète les mêmes pensées en boucle au point d'en avoir des maux de têtes (je joues sur les mots je sais) , car cela m'arrive de temps en temps, (très intense dans les périodes d'effondrement émotionnel)mais moi j'ai plus de facilité qu'elle pour m'exprimer.
Car si j'ai raison, ce que je lui donnerai moi c'est un doliprane et de la détente et pas un neuroleptique (bon après je suis pas médecin) puisque il n'y a pas d'hallucination.

(note: de toute façon elle a bien au moins un TED, puisque elle a un retard dans acquisition de la marche et que l'on ne devient pas schizophrène à 6 ans)
Neuro-atypique (TSA) diagnostiquée à 21 ans, plusieurs soupçon de TSA dans la familles, un cousin diagnostiqué et 2 cousines en attentes de diagnostique.
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Jean
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par Jean »

L’autisme sous l’objectif
LE MONDE CULTURE ET IDEES | 30.01.2014 Par Catherine Vincent

Elle a 12 ans, peut-être 13. A genoux dans la terre d’un potager, Alyson attrape à deux doigts un ver de terre et l’exhibe avec jubilation devant la caméra. On la retrouve plus tard dans une cuisine, préparant un gâteau avec une jeune femme. Soudain, Alyson s’arrête de pétrir la pâte : son imagination en a vu sortir des « bêtes », l’angoisse la prend, elle ne peut continuer. A ciel ouvert, le magnifique film de Mariana Otero sorti en salles en janvier, se reflète bien dans cette contradiction : à mesure que l’on y chemine, on découvre que rien n’est ordinaire derrière l’apparente banalité des gestes quotidiens. Alyson, Amina, Evanne ou Jean-Hugues ont une manière singulière de bouger, de communiquer, d’être au monde. Plus on croit les approcher, plus ils nous échappent. Et plus ils nous touchent.

COURTIL, UNE INSTITUTION PUBLIQUE BELGE

A ciel ouvert a été tourné au Courtil, une institution publique belge qui accueille 250 enfants et adolescents en grande difficulté psychique. Beaucoup sont atteints de troubles autistiques. Il ne s’agit pourtant pas d’un film sur l’autisme, ni sur le handicap mental. « J’ai voulu donner à comprendre quelque chose de la folie, qui est l’altérité la plus grande », explique Mariana Otero. A ciel ouvert est un film sur la radicale différence de l’Autre. Sur ces enfants et leur souffrance, il porte un regard libre, créateur, résolument au-dessus des polémiques.

Or les dissensions, voire les passions ne manquent pas autour de l’autisme. Des passions qui se traduisent en images, comme le montrent de nombreux documentaires récemment réalisés sur ce grave trouble du développement. A commencer par Le Mur. La psychanalyse à l’épreuve de l’autisme, de Sophie Robert, violente charge contre l’approche psychanalytique de ce handicap, dont la diffusion sur Internet, interdite depuis deux ans par la justice, est à nouveau autorisée depuis le 16 janvier.

BATAILLE IDÉOLOGIQUE ENTRE LA PÉDOPSYCHIATRIE FRANÇAISE ET LES TENANTS DE TECHNIQUES COMPORTEMENTALISTES

Pour comprendre en quoi A ciel ouvert, œuvre de pur cinéma, diffère des documentaires plus ou moins militants que l’on peut voir par ailleurs, il faut revenir sur les années agitées que viennent de connaître les familles et les professionnels concernés par l’autisme, déclaré grande cause nationale 2012. Le diagnostic bouleverse les familles, les entraînant souvent dans une spirale de souffrance. Celle-ci est d’autant plus exacerbée que la prise en charge de ces enfants, à l’école comme en institution, reste notoirement insuffisante en France. Le tout dans un contexte de bataille idéologique entre la pédopsychiatrie française, très imprégnée de psychanalyse, et les tenants de techniques comportementalistes, plus prometteuses et nettement plus développées dans les pays nordiques et anglo-saxons.

Longtemps connue des seuls milieux concernés, cette criante défaillance de structures d’accueil s’est invitée ces dernières années sur le terrain médiatique. Grâce à la pression – salutaire – des associations de familles. Grâce, aussi, à la Haute Autorité de santé, qui recommandait en mars 2012 que soit développée de façon prioritaire une prise en charge éducative et comportementale précoce de l’autisme. Demande entérinée, en mai 2013, dans le troisième plan autisme du gouvernement, en des termes qui donnèrent à la pédopsychiatrie française le sentiment d’être désavouée par son autorité de tutelle. C’est dans ce contexte, hautement conflictuel, qu’il faut replacer les récents documentaires français sur l’autisme : qu’ils le veuillent ou non, nombre d’entre eux soutiennent l’un ou l’autre camp de cette querelle idéologique.

« LE MUR » ET LES PSYCHANALYSTES LACANIENS

Par la violence de son accusation, Le Mur tient dans ce paysage une place à part. Lorsque Sophie Robert, sa réalisatrice, diffuse à l’automne 2011, en accès libre sur Internet, ce documentaire de cinquante-deux minutes financé par l’association Autistes sans frontières, la réaction des psychanalystes lacaniens Esthela Solano-Suarez, Eric Laurent et Alexandre Stevens est immédiate. Apparaissant tous trois dans le film, ils estiment leurs propos déformés au montage et assignent la réalisatrice en justice. En janvier 2012, le tribunal de Lille leur donne raison et interdit la diffusion du film en l’état. Un jugement que vient d’infirmer la cour d’appel de Douai, estimant qu’« aucune dénaturation fautive » de leur parole ne peut être retenue contre la réalisatrice. Le Mur est donc à nouveau visible sur Internet, en accès payant.

Que voit-on donc, dans ce film qui fit tant de bruit ? Une dizaine de psychanalystes assis dans leur fauteuil, parlant doctement de « psychose », de « mère crocodile » ou de « désir incestueux ». En opposition, deux familles filmées dans leur environnement quotidien, dont les enfants autistes, nous dit-on, ont bénéficié des techniques cognitivo-comportementales. Il aurait été utile que ce documentaire aborde de plain-pied la prise en charge institutionnelle de l’autisme, et le rôle réel qu’y tient en France la psychanalyse. Une enquête, en somme, plutôt que ce procès simpliste et caricatural.

Mais Sophie Robert est passée à autre chose, et se consacre désormais à la promotion de la méthode ABA (applied behavior analysis), la plus radicale des techniques comportementales. Autisme et ABA, quelque chose en plus, documentaire de quatre-vingts minutes dont elle termine la post-production (« dans des conditions économiques très difficiles », précise-t-elle, avec un budget global de 40 000 €), a été tourné dans deux instituts médico-éducatifs (IME) expérimentaux, l’IME Eclair de Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne) et l’IME Agir et vaincre l’autisme de Chambourcy (Yvelines). Images de bonheur et de jeux, mots hyper-positifs. « Il s’agit de restituer l’intelligence émotionnelle qui règne dans ces équipes et l’ambiance extraordinaire qui unit les duos éducateurs-enfants », lit-on sur le site de diffusion du documentaire, Dragon bleu TV.

« FAIRE ÉVOLUER LES SERVICES DE PÉDOPSYCHIATRIE »


Promotion, toujours, mais dans l’autre camp : L’Enfant autiste et sa famille, de Stephan Rabinovitch, documentaire de 68 minutes prochainement diffusé par l’Harmattan vidéo, fait découvrir le travail de deux services rattachés à des hôpitaux généraux, à Créteil (Val-de-Marne) et à Gonesse (Val-d’Oise). « Loin des caricatures et des polémiques, ce film témoigne de l’évolution des pratiques des secteurs de psychiatrie juvénile », indique la jaquette du DVD. « Les équipes soignantes m’ont ouvert toutes les portes, j’ai filmé absolument ce que je voulais dans la limite des autorisations parentales », précise le réalisateur du film. Là encore, enfants souriants et murs pimpants sont de rigueur. Thérapies psychomotrices, médiations artistiques, interventions pédagogiques en classe spécialisée rythment le quotidien de ces structures « modèles ». « Les hôpitaux de jour ont longtemps fonctionné en autarcie, sans véritable ouverture vers l’extérieur », reconnaît le docteur Jacques Sarfati, responsable du secteur de psychiatrie infanto-juvénile de Créteil, pour qui l’objectif de ce film très pédagogique est « de faire évoluer les services de pédopsychiatrie ».

Où sont donc les gentils ? Les méchants ? Au-delà de la guerre des images, tous ces reportages égrènent en fait la même musique : l’enfant autiste est une énigme, et il faut, pour l’aider, mobiliser toutes les ressources possibles. C’est aussi ce dont témoigne Florian, un défi contre l’autisme, documentaire d’Angelina Risterucci et Gérôme Bouda diffusé le 31 janvier sur France 3 Corse ViaStella, qui relate le parcours du combattant mené par des parents pour faire accepter leur enfant dans une école de la République. Ou Mon fils, un si long combat, réalisé par l’animatrice Eglantine Emeyé, qui a dû placer son enfant dans un institut spécialisé, à 800 kilomètres de chez elle, pour qu’il trouve enfin l’apaisement – ce documentaire a été diffusé le 21 janvier sur France 5.

LA SIMPLICITÉ DES SITUATIONS HUMAINES N’EXISTE PAS


Mais le film de Mariana Otero, par ce qu’il donne à voir, à ressentir et à penser, se situe radicalement ailleurs. En un lieu plus dérangeant, plus essentiel. Comme les précédents longs-métrages de cette cinéaste confirmée – La Loi du collège (1994), Histoire d’un secret (2003), Entre nos mains (2010) –, ce que dit surtout A ciel ouvert, c’est que la simplicité des situations humaines n’existe pas. Dans les troubles mentaux moins qu’ailleurs.

Faute de structures suffisantes dans notre pays, le Courtil, créé il y a trente ans à proximité de la frontière franco-belge, accueille majoritairement des enfants français. Son fondateur est Alexandre Stevens, l’un des trois psychanalystes qui ont porté plainte contre Sophie Robert. C’est une coïncidence : Mariana Otero avait commencé ses repérages avant même la première diffusion du Mur. Mais ce n’est pas un hasard si la réalisatrice, qui cherchait un endroit où elle pourrait « comprendre quelque chose de la folie », a décidé d’installer sa caméra dans cet établissement.

« J’avais vu plusieurs lieux de vie pour adultes, raconte-t-elle. Le regard porté sur les résidents était bienveillant, très respectueux, mais j’avais l’impression que l’on restait à l’orée de leur singularité. Je ne trouvais pas l’entrée. Un jour, on m’a parlé du Courtil. Au départ, je n’étais pas enthousiaste : travailler avec des enfants me gênait un peu, et la psychanalyse, pour moi, cela se passait sur un divan… Mais je suis quand même allée voir. J’ai eu une réunion avec les responsables thérapeutiques, et la première question que je leur ai posée a été celle-ci : “Pourquoi ne parlez-vous jamais de handicapés, contrairement à tous les autres lieux que j’ai visités ?” Ils m’ont expliqué que, pour eux, il ne s’agissait pas de handicapés mais d’enfants qui avaient une structure singulière, et que leur travail était de comprendre cette structure. Chacun de ces enfants avait en quelque sorte une langue privée, contrairement à nous qui avons une langue commune. Pour les aider à avancer dans la vie, il fallait d’abord comprendre cette langue. C’était exactement ce que je cherchais. »

« PETIT À PETIT, L’INVISIBLE EST DEVENU VISIBLE »

Au printemps 2011, Mariana Otero commence les repérages. « Au départ, je ne comprenais rien. Ni aux enfants ni au travail. Puis, petit à petit, l’invisible est devenu visible. Au-delà des comportements, j’ai commencé à comprendre la logique de ces enfants, et ce que les intervenants faisaient avec eux. A partir de là, j’ai su que je pouvais faire le film, en invitant le spectateur à parcourir le même chemin que moi. » Doté d’un budget de 693 000 euros (financé à 43 % par Arte et à 23 % par avance sur recettes), celui-ci a demandé près de trois ans de travail. Il a aussi transformé sa réalisatrice.

« Ces enfants m’ont conduite à questionner ce qui était pour moi de l’ordre de l’évidence : le rapport au corps, par exemple. D’une certaine manière, ils m’ont fait renaître au monde », constate-t-elle. « Si j’avais vu ce film il y a dix ans, j’aurais peut-être gagné dix ans de compréhension de mon fils », lui a dit une mère lors d’un débat public suivant la projection du film. Pour qui veut voir le monde par les yeux des autres, c’est la plus belle des récompenses.

« à CIEL OUVERT »
documentaire franco-belge de Mariana Otero (1 h 50). En salles.

« LE MUR. LA PSYCHANALYSE À L’ÉPREUVE DE L’AUTISME »
documentaire de Sophie Robert (52 min., 2011). En diffusion payante sur http://www.dragonbleutv.com

« L’ENFANT AUTISTE ET SA FAMILLE »
documentaire de Stephan Rabinovitch (68 min). 1 DVD L’Harmattan vidéo, parution le 26 février.
http://www.harmattantv.com

À LIRE
« À CIEL OUVERT, ENTRETIENS. LE COURTIL, L’INVENTION AU QUOTIDIEN »
de Mariana Otero et Marie Brémond (Buddy movies, 130 p., 12 €). Commandes sur http://www.acielouvert- lefilm.com
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Jean
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par Jean »

Journée à dominante lacannienne aujourd'hui.

J'ai commencé par la manifestation pour l'avortement, où j'ai retrouvé le ban et l'arrière-ban des chefs de service de la psychiatrie de mon coin. Je suis poli, je vais dire bonjour et grapiller quelques infos.

Je file à la fac à côté où une tendance lacannienne planchait sur le DSM et le plan autisme. Deux heures d'écoute silencieuse, puis discussion et je pars en claquant la porte. Je raconterai.

J'avais mieux à faire : travailler sur un recours contre une décision de la MDPH.

Puis, enfin, nous nous sommes retrouvés à plusieurs, d'Asperansa et de Lud'Autisme, d'aller voir le film propagande de M. Otero. On vous racontera.
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Tugdual
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par Tugdual »

Une journée sacrément remplie ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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chawacee
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par chawacee »

Je reviens rapidement sur la question de la schizophrènie.

Enfant, j'ai déjà expliqué, je sortais peu, voir jamais, et j'étais la petite fille toujours plongée dans ses livres.
Ado', j'ai eu une phase particulièrement perturbée par des cauchemars, principalement éveillés. Je "voyais" et j'entendais des choses terribles, une perturbation terrible. J'ai tenté, autour de 14/15 ans de me positionner en position de détente, de méditation, et ce devant un miroir de chambre. J'avais alors vu une vision de moi même comme empaillée, embaumée, je ne sais trop. Perturbée, j'avais décrété ne plus jamais recommencer.

Un soir de cauchemar de trop je m'étais redressée sur mon lit et avait hurlé aux yeux rouges en bout de lit de partir, en gros soi il venait réellement dire ce qu'il avait à dire, soi je ne voulais plus les voir. Cette "sortie" de moi même m'avait alors "guérie" de ces visions terribles (et j'en raconte pas le tiers, ça a été bourrin, encore aujourd'hui, je n'y pense pas sans stress).

Nous avons déménagé alors dans une nouvelle maison en campagne (alors que nous vivions en HLM depuis 17 ans). Un soir, je me lève en automatique, pour aller aux WC (à peine éveillée, je partais en semi conscience en m'arrangeant pour ne pas trop émerger). Je suis à l'étage, les WC sont après la barrière en bois qui mène à l'entrée. J'entends alors "attends !" chuchoté très fort. Je me suis arrêtée, et j'ai demandé "oui ?" j'ai allumé la lumière... personne. Le lendemain, j'en ai parlé à mes parents, et là.. mon beau-père, sans méchanceté je précise, m'a dit que la schizophrénie apparaissait à l'adolescence, jusqu'aux environs des 25 ans souvent. Et s'interrogeait pour moi...

Durant quelques temps, et ce jusqu'à la période ou j'ai bossé en établissements scolaires, il m'est arrivé, en cas de grosses fatigues, d'entendre des gens me parler, ou des mots soudains (genre "OH PUTAIN !" en allant chercher des billets, et me voilà en train de chercher partout des élèves en train de sécher, alors qu'il n'y avait personne..).

J'ai réglé la question en réalisant qu'en fait, ces mots n'en étaient pas, mais que mes sens, en cas de grosse fatigue, me jouaient des tours en transformant des sons autour de moi en mots. Mon cerveau cherchait à analyser de façon logique un son, et me proposait une interprétation fausse mais logique.
Ce "putain" par exemple, j'avais saisi quelques minutes après qu'il ne s'agissait que du frottement de la porte du hall sur l'espèce de tapis qu'il y avait devant, rien de plus, rien de moins. Là, j'ai pu me rassurer et comprendre qu'il m'était possible d'éviter les déraillements sensoriels en pensant à m'écouter plus niveau fatigue.

Pas de fatigue : pas d'hallucination.

Mais encore aujourd'hui, à 31 ans, il m'arrive de m'interroger.. suis-je "fragile", suis-je "dérangée"..... Comme ça a commencé à l'enfance ce comportement curieux, je me dit en vous lisant qu'il s'agirait donc bel et bien plutôt d'un trouble autistique que d'un comportement d'ordre schizophrénique...


Qu'en pensez vous ?
Maman d'un enfant TED diagnostiqué au CRA de Reims.
Je ne suis pas très typique, sans avoir pourtant creusé la question d'une façon ou d'une autre.
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WinstonWolfe
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par WinstonWolfe »

Bonjour Chawacee,

Je dois d'abord dire que je trouve impressionnante la lucidité avec laquelle tu analyses ton comportement. Ensuite, je me reconnais dans le fait qu'en cas de fatigue, lorsque par exemple on n'arrive ni à s'endormir, ni à rester éveillé, la perception change un peu. Par exemple, si je me remémore une musique, dans ces conditions j'arrive presque à "l'entendre" (dur à décrire, je ne l'entends pas mais le niveau de détail et le réalisme de la perception sont à un niveau troublant). La fatigue doit donc avoir un rôle important à jouer dans la maîtrise de ses propres perceptions et je comprends ce que tu décris, même si je ne le vis pas avec la même intensité ou dans les mêmes conditions.

Et l'autisme n'est pas avare en fatigue.

Je suppose que tu adaptes ta vie en fonction de ça, comme tu le dis "[t]'écouter plus niveau fatigue". La gestion de la fatigue est bien la première stratégie d'adaptation pour les autistes. Peut-être devrait-on plus échanger sur nos tactiques de gestion de la fatigue.
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chawacee
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par chawacee »

Oui, un post sur la gestion de la fatigue serait intéressant je pense. (allez, je vais l'ouvrir). :)
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Je ne suis pas très typique, sans avoir pourtant creusé la question d'une façon ou d'une autre.
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par Jean »

Le quart de la population a des hallucinations. Une personne sur 100 est schizophrène.

Un autiste n'est pas un robot : il a une pensée intérieure ...

Mais malheur au gamin ou à l'adulte qui va parler hallucinations ou de pensées intérieures. C'est la voie ouverte au diagnostic de schizophrénie (qui peut dans certains cas coexister avec l'autisme).

Les exemples que tu donnes sont parlants, si j'ose dire : tu as la conscience - après réflexion - que tes hallucinations auditives ne correspondent pas à des évènements réels.

Je ne suis pas toubib, ni spécialiste : ce que je dis là, c'est ce que j'ai entendu maintes fois dans des colloques ou des réunions d'information pour les "usagers".

Sur la base de ce que je vois dans le film, ma fille est psychotique et schizophrène, sûrement pas autiste. Et si on ne nous l'a pas dit au CMPP à l'époque, c'est bien sûr pour nous protéger et ne pas stigmatiser :lol: Ils étaient seulement ignorants sur le syndrome d'Asperger, ce qui s'explique très bien en 1990. Aujourd'hui, cette ignorance signe l'incompétence et la maltraitance.

L'argument qui nous a été donné par le médecin psychiatre, au bout de 2 ans de suivi hebdomadaire au CMPP : "Votre fille n'est sans doute pas psychotique, parce qu’elle continue d'aller à l'école : elle est à la limite".

Après le diagnostic de Lila et son témoignage public, les instits du primaire nous ont dit comme ils avaient eu du mal avec elle. Nous avons été convoqués le lendemain de la rentrée scolaire, parce qu'elle avait refusé d'entrer en classe le jour de la rentrée : elle s'était assise dans la cour.

Deux explications au maintien scolaire :
- elle savait déjà lire au CP (aujourd'hui, on nous dirait qu'elle est HPI);
- la mère était déjà présidente de l'association des parents d'élèves, qui finançait les activités de l'école.

Et voilà pourquoi elle n'a pas été orientée vers l'hôpital de jour ... Parce que le CMPP ne gardait pas les enfants de ce type.
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par nicolew »

Est-ce que, au moins un des "intervenants" dans le film, pense qu'il serait bon d'utiliser la volonté d'Alysson d'acquérir une caméra pour la motiver?
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par Jean »

Des commentaires de la réalisatrice sur ce sujet, il semble que non.

Elle est émerveillée de la relation nouée par l'intermédiaire de l’œil de la caméra.

Il ne lui traversera pas l'esprit que c'est une banalité pour nous, à savoir que la relation avec les yeux est difficile pour un autiste, et que la relation par le biais de l'objectif de la caméra est plus facile, de la même façon que l'e-mail ou un forum est plus facile que les échanges dans la vie réelle.
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par Jean »

La salle était comble. Nous étions dans les 5 derniers acceptés (parce que nous avons fait passe-tour en toute innocence). Une bonne partie du public a été refusée, avec la promesse que le film serait programmé la semaine suivante – mais sans le débat avec la réalisatrice.

Le film a été ce ce que nous avait promis pifpof.

L'aéropage de responsables de la psychiatrie brestoise, rencontré lors de la manifestation pour l’avortement, était bien là – sans doute après des agapes avec la réalisatrice.

A 23 h, le débat s'ouvre. J’avais envie de poser des questions, pour réagir ensuite. Au fur et à mesure du film, je me dis qu'il vaut mieux dire franchement ce que nous pensons dès le départ. Après une brève concertation avec les autres parents des associations, puisque personne ne se lance, je me lance. Je vais essayer de reprendre ce que j'ai dit :

« C'est un film très mignon. Je voudrais poser deux questions et faire deux observations :

1 – comment avez-vous pu accepter, en tant que documentariste, de faire un film dans l'institution du Dr Stevens, qui a réussi à faire interdire « Le Mur », de Sophie Robert, pendant deux ans ?

2 – comment les pédopsychiatres qui sont dans la salle peuvent supporter ces références à la folie, à la psychose, à la schizophrénie alors qu'ils ont signé et pratiqué les recommandations de la Haute Autorité de Santé sur le diagnostic précoce de l’autisme ? Comment peuvent-ils supporter cette régression ?

3 – où sont passés les parents ? On ne les voit pas. On croit se retrouver dans le temps de « La Forteresse Vide » de Bettelheim.

4 – l'école n'est pas montrée. Vous ne montrez pas que les enfants vont dans des écoles belges, où les enseignants sont formés par le SUSA (service universitaire spécialisé en autisme), où ils sont pris en charge avec les méthodes ABA, TEACCH et PECS.

Certaines séquences de votre film pourraient figurer dans une nouvelle version du documentaire de Sophie Robert « Le Mur », et au moins aurait une place dans le bêtisier de l'année. 
»

Le coup du bêtisier a provoqué des remous. On connaît la version des mères frigidaires (servie à la fac dans l'après-midi), mais là, je me suis senti un père frigidaire.
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par Jean »

L'animatrice du débat a cherché à m'enlever le micro avant la fin.

Elle a repris le contrôle en disant que la discussion devait se baser sur la forme et non sur le contenu. Et que les questions devaient s'adresser à la réalisatrice, et non au public.

Le public s'est péniblement efforcé de poser des questions sur le montage, le choix de ceci ou de cela.

Au bout d'un certain temps, des personnes bien intentionnées ont posé des questions sur le fond, le travail avec les parents etc .. pour permettre à la réalisatrice de valoriser le travail du Courtil.

Quand suite à une réponse de M. Otero sur l'action du Courtil, j'ai voulu poser une question sur l'utilisation des neuroleptiques (un des gamins prend du Risperdal depuis 9/10 ans) , j'ai été interrompu par l'animatrice : on n'avait droit qu'à une seule question. J'ai quand même eu une réponse (nous étions sur la première rangée, devant la réalisatrice).

Je vais essayer de retracer les réponses de M. Otero, dès que j'aurai un peu de temps. Elle s'est défendue de faire un documentaire sur le Courtil.

C'est donc un documentaire sur les fantasmes de salariés du Courtil. C'est poétique, c'est bien filmé (ce qui est partiellement contesté par des cinéastes présents, mais qui préfèrent rester polis en présence de leur collègue).

Cela pose bien évidemment des questions sur le rapport entre le fond et la forme, dans le travail de documentaristes comme Joris Ivens, Chris Marker ou Leni Riefsanthl – ou Oliver Stone dans la série qui est actuellement diffusée – et sans oublier « Zone Interdite » de M6.

Lorsque la salle s'est vidée, nous avons diffusé quelques dépliants de nos associations : nous n'en avions pas assez, ils étaient périmés. Tant pis.

Plusieurs jeunes cinéphiles ont refusé de les prendre [« tristeo »]. Pas beaucoup. La curiosité l'a emporté chez la plupart.
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Tugdual
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par Tugdual »

Je t'admire de rester calme et cohérent
dans ce genre de contexte hostile.
Pour moi ce serait mission impossible.

Soit je reste debout sur les freins pour
maintenir en moi une petite bulle de calme
et rester cohérent, mais alors je n'arrive
pas à suivre le rythme de ce qui se passe.

Soit je lâche les freins, mais alors je suis
envahi par mes émotions, l'énervement,
et l'explosion se profile dangereusement ...

Encore bravo d'être allé au charbon ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Jean
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par Jean »

Pour enlever toute ambiguïté, l'animatrice du débat était une des pédopsychiatres de Brest, et notre bête noire. Lorsqu'elle était au CAMSP, elle a exclu un jeune autiste (polyhandicapé) de tout soin parce que les parents avaient demandé un diagnostic au centre de ressources autisme et voulaient que le PECS soit effectivement pratiqué au CAMSP. : « Il faut choisir, Mme .. » - disait-elle en souriant.

Avec elle, il y avait le Dr Maria Squillante – jusqu'à récemment chef d'un deux services de pédopsychiatrie de Brest : « Winnicott », qui suit 155 enfants TED - , qui a fait partie du comité de pilotage de plusieurs recommandations de la HAS concernant l'autisme. Et qui a rédigé les recommandations de la HAS et de la société française de psychiatrie sur le diagnostic précoce de l'autisme en 2005. Le film milite pour une retour 20 ans en arrière. « Maria » est restée « musum », comme on dit en breton.

Le ban et l'arrière ban des professionnels, des étudiants et des parents a été mobilisé pour cette séance.

Les invitations ont été envoyées avec les moyens et les fichiers de l'hôpital de Brest.

Pour ceux qui ont une sens de l'humour très british, le film est à hurler de rire (in petto ou in utero).
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Jean
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Re: "A ciel ouvert" - Marianne Otero

Message par Jean »

Tugdual a écrit :Je t'admire de rester calme et cohérent
dans ce genre de contexte hostile.
Pour moi ce serait mission impossible.
Rassure-toi, je suis un peu pareil. J'ai pété les plombs à la conférence des lacaniens à la fac. J'ai réussi mieux au cinéma, parce que j'étais avec d'autres parents et que je savais, grâce à pifpof et un autre militant associatif, à quoi je pouvais m'attendre.
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