ce post fait suite au post empathie, il a toujours pour but de m'aider à y voir plus clair sur mon éventuel syndrome d'Asperger et ma difficulté à le faire reconnaitre
A propos d'empathie, si j'ai dit que j'avais de l'empathie c'est parce que je donnais à ce mot un autre sens que le sens habituel, et le psychiatre que je vais revoir devrait essayer de voir la réalité qui se cache derrière les mots. Temple Grandin dit qu'un autiste voit les choses mêmes, lorsqu'un NT voit les choses à partir de leur représentation mentale (les critères DSM IV d'un diagnostic relève d'une telle représentation mentale). Le psychiatre a sans doute été abusé par une telle représentation mentale puisque certaines réponses que je lui ai faites n'entraient pas dans les critères fixés.
Pour autant, il a un peu essayé de ne pas en rester juste au discours, puisqu'il a aussi motivé son jugement par le fait que je le regardais dans les yeux et comprenais l'implicite de ses gestes.
Lorsque c'est dans un cadre imposé il m'est plus facile de regarder quelqu'un en face que lors d'une discussion privée. J'avais aussi enlevé mes lunettes avant le rendez-vous pour être plus à l'aise (léger brouillard). Enfin j'étais détendu ce qui facilite l'échange. Mais tout cela ce ne sont que détails, je comprend ma réceptivité et ma compréhension de l'implicite autrement. Mes échanges se font selon un autre schéme que selon le schéma normal. Dans le schéma normal interviennent par exemple des neurones miroirs (ce qui a été évoqué dans mon post empathie), pour moi il y a sans doute un chemin différent. Pour expliquer cela au psychiatre j'ai évoqué le terme de vases communicants (de même qu'un malvoyant aura tendance à avoir l'ouïe mieux développée) mais je n'en ai pas dit plus.
Je vais vous expliquer comment je pense comprendre intuitivement ou implicitement les autres à partir d'un exemple concret.
Je suis enseignant, j'ai chaque année plus de 100 élèves. Reconnaître tous ces visages est difficile. Temple Grandin explique que la zone cérébrale de reconnaissance des visages est différente pour un NT ou un SA. Les SA utilisent une zone qui correspond à la reconnaissance des objets, pas les NT, ce qui expliquerait une difficulté à reconnaître les visages.
J'apprend plus lentement que mes collègues à reconnaître les visages et, en moyenne plus d'une fois par classe, il y a deux élèves que je n'arrive pas à distinguer, bien que j'ai leurs photos sur le trombinoscope pour m'aider. J'essaye de voir sur leur visage respectif un trait distinctif que je pourrai verbalement mémoriser pour m'aider par la suite mais je n'y arrive pas toujours. Je pourrai aussi essayer de mémoriser des traits secondaires, comme leurs vêtements habituels,... mais enseigner me demande beaucoup d'énergie et je ne suis pas toujours dans de bonnes conditions pour bien mémoriser. Alors j'ai trouvé un autre moyen, qui me demande beaucoup moins d'énergie car je le fais naturellement et en étant détendu (lorsque les conditions du cours me le permettent).
Chaque personne a ce qu'on pourrait appeler un timbre vibratoire. J'utilise ce mot en généralisant la notion de timbre vocal qui est la signature de chacun. Le timbre vibratoire global se manifeste à de nombreux niveaux mais, la plupart du temps, nous ne reconnaissons que la voix car nos sens ne sont pas assez subtils.
Lorsque j'ai parlé de vases communicants, j'ai pensé justement que ma difficulté à reconnaître les visages a entraîné que j'ai été plus sensible au timbre subtil de chacun. Quand je fais l'appel, lorsqu'un élève est caché par un de ses camarades je le reconnaît ou l'identifie plus facilement que si je le regardais dans les yeux, car quand je vois le regard de l'autre cela me met dans un état moins détendu et je ne perçois plus le timbre de la personne. Pour les élèves qui se ressemblent, au final je les distingue par leurs timbres (deux personnes peuvent avoir des timbres qui se ressemblent, mais c'est peu fréquent).
Cette reconnaissance par le timbre ne passe pas par le mental (je n'ai pas besoin de me dire : untel porte des lunettes) mais s'apparente plus à une odeur immédiatement reconnue (le circuit de la reconnaissance olfactive est plus direct que le circuit de la reconnaissance visuelle), elle ressemble encore à un état de conscience élevé (suite à une méditation par exemple) où le mental a été endormi.
J'aurai aimé que, pour le diagnostic, il puisse y avoir un scanner qui identifie les zones du cerveau active lors de la reconnaissance des visages, mais ils n'avaient pas ça.
Portez vous bien. Bonne reprise pour ceux qui reprennent le travail demain.
Nathan
timbre vibratoire humain et reconnaissance des visages
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